Matthew McConaughey a obtenu l'Oscar du meilleur acteur en 2014 pour sa prestation dans Dallas Buyers Club. Ce prix marquait l'apogée de la carrière de l'acteur, qui était revenu, en quelques années et de très beaux rôles, au sommet. Depuis, il a continué de faire des éclats dans la série True Detective ou au grand écran dans Interstellar. Aujourd'hui, c'est avec une performance plus puissante que jamais qu'il débarque sur les écrans : Free State of Jones. Il a répondu depuis New York aux questions des journalistes via Skype, en compagnie du réalisateur de ce film épique et historique, Gary Ross, lors d'une projection exceptionnelle à Paris.
"Tout d'abord, je n'avais jamais entendu parler de Newton Knight. Il est inconnu de la plupart des gens dans le monde, et même des Américains. Il y avait donc cet homme incroyable durant la guerre de Sécession, et cette histoire méconnue, comme oubliée des livres d'histoire. Le personnage m'a vraiment fasciné. Il avait une telle clairvoyance, une telle compréhension du bien et du mal qu'il n'a pas hésité à sacrifier sa famille, son confort si l'on peut dire, tout ça parce qu'il ne pouvait pas ignorer ce qui se passait et qu'il a tenté rectifier le tir. Sa vision est extrêmement lucide, il s'est dit à un moment : personne ne devrait avoir de chaînes autour du cou. On doit arrêter ça. Il faut faire quelque chose. Il se devait de réparer les injustices qu'il voyait se produire, et ce en dépit des conséquences que cela pouvait entraîner. Son assurance, sa clairvoyance, sa compréhension de la situation, tout cela m'a vraiment fasciné et attiré dans ce personnage."
"C'est un film éminemment pertinent. Et cela même s'il n'a pas rencontré un énorme succès aux Etats-Unis. Tout comme Gary Ross, j'en tire une grande fierté. Il gagnera en notoriété avec les années. On peut se perdre en conjectures sur pourquoi le film n'a pas mieux marché. Mais bon, c'est un film dont le sujet est intense. Ce n'est pas un film léger sur lequel on discute en gobant du popcorn. C'est un film qui vous pousse à vous regarder dans le miroir."
"Il y a quelque chose que j'ai compris, il y a environ huit ans ; je me suis alors dit 'ne pense pas au résultat. Fais-le pour l'expérience que cela procure. Vis une expérience qui te fera grandir dans la constitution, la création de ton personnage, et dans l'architecture du processus narratif'. Et au final, si je parviens à traduire cela dans mon travail, que les gens aiment, que ça marche au box-office, tant mieux, et si ce n'est pas le cas, je me poserai la question de savoir si je sors grandi de cette expérience. Je pense que les rôles que j'ai interprétés dernièrement m'ont fait grandir. J'ai choisi des rôles dramatiques, qui me permettent d'exprimer toutes les émotions d'un être humain, telles que la douleur, la rage, la tristesse. Je peux toujours me raccrocher à l'humanité de Newton Knight pour mieux saisir ce personnage. Par ailleurs, un autre de mes critères, c'est que j'essaie de faire des films que j'ai envie de voir, qui seraient mon premier choix en tant que spectateur. Et de trouver des personnages, si possibles assez tôt dans le processus, qui me donnent le sentiment que personne d'autre que moi ne peut les jouer. Ce sont ces deux critères auxquels je prête attention."
"Je pense que ce vous entendez chez Newton Knight est en fait un accent du Mississippi. Ce n'est pas mon accent. Ce n'est pas l'accent texan. L'accent du Mississippi est plus lent. Le rythme est différent de mon accent du Sud. Ça semble plus peut-être plus sudiste juste parce que c'est le sud profond. En tout cas, c'était la façon de parler de Newton Knight. Plus 'Mississippi'."
Free State of Jones, en salles le 14 septembre 2016