En choisissant d'être ouvertement en rupture avec le stoïcisme institutionnel de la famille royale britannique et de manifester leurs états d'âme, aussi bien dans des communiqués de presse vindicatifs et des actions en justice que des documentaires virant à la complainte, le prince Harry et son épouse Meghan Markle semblent avoir brouillé les cartes et leur image aux yeux de l'opinion publique.
Tout juste quelques jours après la diffusion par la chaîne ITV News de Harry et Meghan: An African Journey, documentaire censé porter sur leur récent voyage officiel en Afrique mais qui tournait aux confessions intimes, recueillies par un journaliste ami du prince, l'élégante revue Tatler fait paraître dans son nouveau numéro un sondage tendant à confirmer que la cote de popularité de la duchesse de Sussex souffre.
D'après cette étude menée auprès d'un panel de 2016 personnes adultes entre le 6 et le 8 septembre dernier, soit avant l'épisode africain des Sussex, seuls 55% des Britanniques ayant répondu estiment que l'ex-actrice de la série Suits a globalement un impact positif sur la famille royale, contre 45% exprimant un avis contraire. Trois ans après la naissance d'une incontestable Meghan-mania, un an et demi après son mariage grandiose à Windsor avec le fils cadet du prince Charles et cinq mois après la naissance de leur fils Archie, les chiffres traduisent bien une certaine fracture : aujourd'hui, la duchesse de Sussex divise l'opinion. Les sondés sont d'ailleurs près d'un sur deux (44%) à déclarer lui préférer la duchesse Catherine de Cambridge, épouse du prince William.
C'est d'ailleurs tout l'objet de cette enquête, que Tatler porte en couverture de son nouveau numéro. Evoquant sans détour un "problème Meghan", la publication pose ainsi la question : "Est-elle en train de conquérir ou de diviser ?"
L'épisode polémique du début d'été - la controverse concernant les jets privés auxquels Harry et elle ont eu recours à répétition pour divers déplacements - a de toute évidence marqué les esprits puisque deux sondés sur cinq (39%) la jugent hypocrite sur les questions environnementales. Sa sortie officielle avec Harry cette semaine, en voiture électrique, suffira-t-elle à lui rendre quelques points ? Si c'est le cas, elle pourrait aussi continuer à en perdre avec les déclarations faites - près d'un mois après que le sondage a été réalisé - à Tom Bradby en Afrique du Sud dans le cadre du documentaire qu'il réalisait pour ITV News : "Survivre ne suffit pas, ce n'est pas une raison de vivre. Il faut s'épanouir, confiait-elle à propos de ses difficultés à s'adapter à sa nouvelle vie et du mal-être provoqué par le traitement médiatique la concernant. Il faut se sentir heureux et je crois que j'ai vraiment essayé d'adopter ce flegme typiquement britannique. J'ai essayé, j'ai vraiment essayé, mais je crois que ce que cela provoque à l'intérieur est sans doute véritablement nocif ; et la chose la plus importante dont j'ai conscience, c'est que je n'ai jamais pensé que ce serait facile, mais j'ai pensé que ce serait juste et c'est à cela qu'il est difficile de se faire, mais je prends chaque jour l'un après l'autre." 40% des personnes interrogées abondent dans son sens, estimant qu'elle fait l'objet d'un traitement médiatique injuste. Mais nombreux sont aussi les Britanniques qui, après avoir vu un documentaire consacré au travail du prince Charles cette semaine, ont jugé qu'Harry et Meghan devraient en prendre de la graine...
Sur le terrain des confidences "behind the scenes", Tom Bradby a déclaré qu'il avait trouvé les époux Sussex "vulnérables et meurtris". Il a aussi assuré que le prince Harry voyait son avenir hors du Royaume-Uni, hypothèse que le principal intéressé à lui-même évoquée avec prudence, alors que des rumeurs d'un déménagement aux Etats-Unis pour fuir les rapports conflictuels avec les médias britanniques a vu le jour cette année. Ils sont à ce propos 23% à penser que le duc et la duchesse de Sussex feraient tout aussi bien d'aller s'installer à Los Angeles... A défaut de déménagement, le couple et son bébé vont aller y passer plusieurs semaines, de mi-novembre à la fin de l'année, auprès de Doria Ragland, la mère de Meghan. Histoire de retrouver un peu de sang-froid.