L'arrivée de Michel Field à la direction de l'information de France Télévisions ne fait pas que des heureux en interne. Et c'est peu dire. Si bien que les rédactions de France Télévisions ont annoncé préparer une motion de défiance à l'encontre de leur nouveau dirigeant afin de le pousser à la démission. Une décision prise au cours de l'assemblée générale des rédactions de France Télé, jeudi 14 avril.
Les salariés lui reprochent "son mépris, sa désinvolture, sa grossièreté", sans parler de ses récentes décisions... En plus de cela, les rédactions de France 2, France 3 et du site FranceTV Info accusent leur nouveau patron d'être un intime de François Hollande mais aussi de Nicolas Sarkozy.
Pascale Justice, de la SDJ (Société des journalistes) de France 3, déplore également "l'absence de réponses concrètes aux multiples interrogations suscitées par le projet de chaîne d'info publique" et "le spectre d'une fusion des rédactions bien plus large que prévu si le nom de cette offre est France Info".
Dans ce climat tendu, Michel Field a proposé une rencontre improvisée avec les cadres de la rédaction de France Télé : une vingtaine de rédacteurs en chef et de chefs de services du groupe. Son message était clair : "Je ne démissionnerai pas !" Son objectif est plutôt de profiter de cette tension palpable au sein du groupe pour retisser des liens avec ses effectifs. Un message qui n'a pas été entendu puisque certains cadres ont déclaré que la confiance était désormais rompue entre Michel Field et les équipes dont il a la charge.
C'est à Michel Field que l'on doit l'arrivée de Claire Chazal sur France 5 avec Entrée libre ou encore la nomination d'Emilie Tran Nguyen à la présentation des JT de la mi-journée de France 3. Sa première décision contestée a été la restauration des soirées d'information du jeudi : la suppression de l'émission politique Des paroles et des actes et la nomination d'Elise Lucet à la présentation et à la direction de la rédaction des émissions Envoyé Spécial et Complément d'enquête.
Dans Le Supplément sur Canal+ dimanche 10 avril, Michel Field a pris la parole, alors qu'il n'était pas vraiment en odeur de sainteté avec les salariés de France Télé... "Si je suis là pour ne rien foutre pendant les cinq années de mon mandat, je veux bien. Je serai payé pareil. Mais ce n'est pas ma conception du service public !", a-t-il lancé. Et de poursuivre, au sujet de ses récentes annonces : "Avoir un prime time le jeudi soir qui tourne autour de 10 à 12% de part de marché... Même si on n'est pas obsédé par l'audience, c'est important."
"La semaine où Trump gagne un nombre incroyable de primaires aux Etats-Unis, j'attends du grand magazine de reportage du service public qu'il traite de cette actualité. Le sujet d'ouverture, c'est un sujet sur les pièces détachées d'électroménager !", s'est-il ensuite agacé, jetant de l'huile sur le feu qui brûlait déjà entre ses équipes et lui.
Ultime conflit : celui autour de la grande soirée Dialogues citoyens qui opposait François Hollande à un panel de Français. L'intervention d'une société de production extérieure - plutôt qu'une production en interne - et la mise à l'écart de membres du panel jugés potentiellement redoutables (comme une déléguée syndicale FO) n'ont fait qu'aggraver les tensions déjà existantes. Le bras de fer est désormais engagé...
Joachim Ohnona