La vie ne fait pas toujours de cadeaux. Michèle Torr en est consciente. Celle dont l'avenir fut tout tracé dès ses premiers pas dans la chanson en a fait la triste expérience dans les années 1960. Alors qu'elle débutait sa carrière de chanteuse et clôturait une tournée avec Claude François, l'artiste de 18 ans à l'époque a appris la mort de sa mère, sa première fan, alors qu'elle s'apprêtait à la rejoindre dans leur maison en Provence après un spectacle à Marseille. Mais à l'issue de cette représentation, quelques jours après Noël, la mort a frappé de plein fouet Michèle Torr.
Sur le canapé de Ça commence aujourd'hui, l'interprète d'Emmène-moi danser ce soir est revenue sur les circonstances tragiques de ce drame qu'elle n'oubliera jamais. Contactée par l'hôpital d'Avignon, Michèle Torr est attendue sur place et peine à réaliser : "On sait mais on ne veut pas comprendre, explique-t-elle à Faustine Bollaert. On vous le dit carrément puisque je ne voulais pas l'entendre. On m'emmène voir maman et encore je dis "mais elle n'a rien, elle n'a rien." Les circonstances de l'accident sont d'autant plus terribles. Elles font d'ailleurs entrer Michèle Torr dans une crise d'hystérie : "La colère. Je voulais tuer la personne. [...] Un chauffard est venu sur elle. On me raconte l'histoire, il sortait d'une fête de famille, il avait bu."
Très émue par son témoignage, Michèle Torr a ensuite expliqué qu'en plus d'encaisser la nouvelle, elle avait eu la lourde tâche de l'apprendre à ses proches, son papa Charles, ses grands-parents et sa petite soeur Brigitte, 9 ans : "Je ne lui ai pas dit le premier soir. Je lui ai laissé passer la nuit, se rappelle-t-elle, des trémolos dans la voix. Je lui ai dit le lendemain matin." La double peine.
Beaucoup auraient stoppé toute représentation pour se remettre d'une telle épreuve. Michèle Torr, elle, a trouvé le courage de remonter sur scène tout de suite. C'est ce qui l'a sauvée : "C'était la meilleure chose à faire." Le 31 décembre, l'artiste assure un spectacle et retrouve son père et sa soeur : "On rentrait à pied à l'hôtel, les gens étaient en fête. [...] Mais quand ils me reconnaissaient, ils me regardaient et ils faisaient 'oh pardon !' Ça a été un soutien." La mort de sa maman, la mère de Romain l'a gravée en elle. Elle porte d'ailleurs toujours l'alliance de sa maman autour de son cou, comme pour pallier à la culpabilité qu'elle a ressentie juste après l'accident : "J'étais très jeune, égoïste. Il n'y avait que la chanson qui comptait. [...] Je venais de perdre l'essentiel." Bouleversant.