Denis Baupin est accusé par plusieurs femmes politiques d'avoir eu des comportements déplacés et même d'agression sexuelle pour l'une d'entre elles. L'époux de la ministre du Logement et de l'Habitat durable, Emmanuelle Cosse, a certes démissionné dans la foulée des révélations de Médiapart et France inter de son poste de vice-président de l'Assemblée nationale mais il contre-attaque par voie judiciaire. Lundi 9 mai dans Libération, 500 personnalités de la sphère politique et sociale ont signé une tribune intitulée Harcèlement et politique : Pour que l'impunité cesse tandis que l'ancienne ministre Monique Pelletier parle pour la première fois de sa triste expérience sur le site du Journal du dimanche.
Entre 1978 et 1981, Monique Pelletier est ministre déléguée à la Condition féminine. Dans un tweet, elle félicite les victimes présumées de Denis Baupin pour avoir parlé et ajoute sans détour : "J'ai été agressée par un sénateur... Honte à moi de mon silence !"
Dans cette interview, Monique Pelletier raconte cette agression qui s'est déroulée il y a trente-sept ans alors qu'elle s'apprêtait à porter devant le Sénat le texte pérennisant la loi Veil (d'abord votée pour cinq ans) sur le droit à l'avortement. Avant que le débat, qui s'annonce difficile et délicat, ne débute, la ministre rend visite au président de séance comme le veut la tradition. Leur entrevue dérape. Son collègue la coince contre une cheminée et l'embrasse à pleine bouche. "Je lui dis 'mais qu'est-ce qui vous arrive, vous êtes malade ?' Je lui ai exprimé que c'était scandaleux, qu'on ne se jetait pas comme ça sur les gens. Il était tout rouge et avait la queue basse, je peux vous le dire."
Monique Pelletier se rince la bouche, se lave les dents et va au front porter son texte. Elle n'a rien dit à personne de cette agression sexuelle. "C'était une minute trente, dans une vie longue. Si j'avais parlé, on aurait remis la séance, car on aurait dit que dans l'état où j'étais, je n'étais pas en état de soutenir le débat", raconte-t-elle aujourd'hui au Journal du dimanche.
L'ancienne ministre encourage les femmes victimes de harcèlement comme d'agressions sexuelles à briser le silence mais, sur Twitter, elle fait ce triste constat : "Violences faites aux femmes... Viols, coups, harcèlements augmentent chaque année. Les associations se dépensent mais la justice ne suit pas !"
Denis Baupin réfute fermement les accusations portées contre lui. Son avocat, maître Emmanuel Pierrat, a confirmé à BFMTV le dépôt d'une plainte en diffamation contre les deux médias à l'origine des révélations, tandis que le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "recueillir les témoignages des victimes présumées qui se sont exprimées dans les médias, à vérifier les dates et lieux de la commission des faits allégués et à entendre tout témoin utile". Denis Baupin a reçu, mardi 10 mai sur France Inter, le soutien de son épouse. "J'ai appris, comme vous hier, ces accusations de harcèlement. (...) Si c'est faits sont avérés, il faut que ça soit réglé devant la justice. S'ils ne sont pas avérés, il faut aussi que ce soit réglé devant la justice. (...) Je n'ai pas de trouble et si votre question est de savoir si j'ai confiance en mon conjoint, ma réponse est oui", a déclaré Emmanuelle Cosse.