S'il a réussi à amuser le cortège funèbre avec ses anecdotes plaisantes remontant à l'enfance de sa fille Amy Winehouse, lors de ses funérailles et de son incinération au cimetière Edgwarebury du nord de Londres mardi 26 juillet, Mitch Winehouse, le père de la chanteuse, n'en était pas moins effondré.
Pourtant, surmontant la douleur du deuil de son enfant, le chauffeur de taxi-jazzman a annoncé la création d'une fondation portant le nom d'Amy Winehouse destinée à venir en aide aux personnes confrontées aux mêmes démons qu'elle : l'alcool et la drogue. Sans même attendre les conclusions complémentaires de l'expertise médico-légale pratiquée (l'autopsie n'ayant pas été concluante, les résultats des analyses toxicologiques sont attendus sous quatre semaines), Mitch Winehouse prenait le taureau par les cornes dès son oraison funèbre à la mémoire de sa fille : "Quand on n'a pas de quoi se payer une cure dans une clinique privée, il y a une liste d'attente longue de deux ans pour ceux qui ont besoin d'aide", a-t-il déploré devant l'assemblée endeuillée. Keith Vaz, président de la Commission des Affaires intérieures à la Chambre des Communes, lui a proposé son aide pour la réalisation de ce projet.
Amy Winehouse, elle, avait les moyens : au mois de mai dernier, elle s'était fait admettre à la Priory Clinic pour tenter, une fois de plus, de reprendre possession de son corps. En vain, comme on l'avait constaté quelques semaines plus tard, à l'occasion de son désastreux come-back titubant sur scène en Serbie en entame d'une tournée européenne évidemment annulée dans la foulée. Elle avait même les moyens d'aider ses amis à décrocher : le styliste Alex Folden, ami de la chanteuse, estime que cette dernière lui a sauvé la vie en déboursant près de 150 000 euros pour lui permettre de combattre ses addictions. Devenu clean, Folden a créé une fondation à son nom pour tendre la main à son tour.
En attendant le rapport d'analyses toxicologiques...
Concernant l'état de dépendance d'Amy Winehouse durant ses dernières semaines, deux versions s'affrontent : lors de l'éloge funèbre qu'il a prononcé, Mitch Winehouse a assuré que sa fille en était à sa troisième semaine d'abstinence et qu'elle avait terrassé son addiction ("Il y a trois ans, elle a surmonté sa dépendance à la drogue, alors que les spécialistes le pensaient impossible. Elle essayait de toutes ses forces d'en finir avec l'alcool, elle m'a dit : "Papa j'en ai marre de boire, je ne supporte plus de voir l'expression de vos visages".") ; pourtant, Reg Traviss, le dernier amour de la jeune femme (depuis janveir 2010 et en pointillés), avait jeté l'éponge une énième fois, échaudé qu'Amy reste en contact avec son ex-époux emprisonné Blake Fielder-Civil et qu'elle reste en contact intime avec l'alcool. Après sa prestation calamiteuse en Serbie, elle se serait plus que jamais remise à boire. La rumeur veut qu'elle ait été vue au Roundhouse, dans son quartier, en train de s'envoyer gin et Red Bull trois jours avant son décès brutal... Que doit-on croire ?
Pour la famille d'Amy, une certitude : c'est en réalité le sevrage alcoolique qui aurait pu entraîner sa mort. Alors qu'elle aurait dû cesser de boire progressivement, elle aurait radicalement stoppé sa consommation, d'un coup, ce que son organisme n'aurait pas supporté. Vendredi, 24 heures avant sa mort, son médecin personnel avait livré un bilan médical satisfaisant...
Janis Winehouse, la mère d'Amy : "J'ai cru que le pire était derrière nous"
Il y a une forme de fatalisme face à la mort d'Amy Winehouse. Si Russell Brand, ancien addict repenti, commençait son touchant éloge funèbre publié sur Internet par l'idée que, avec de telles addictions, "on attend le coup de téléphone" funeste, Janis Winehouse, la mère d'Amy, atteinte de sclérose en plaques, partage cette vision. Dans les pages du magazine Oops, auquel elle a accordé une interview exclusive, l'ex-épouse de Mitch Winehouse déclare à propos du drame : "C'est la nouvelle que j'ai toujours redouté d'entendre." Et de poursuivre : "Je lui avais dit que je savais qu'un jour ou l'autre je devrais organiser l'enterrement de ma propre fille, et que c'était horriblement égoïste de sa part de se tuer à petit feu. Elle m'avait répondu : 'Maman, je suis destinée à mourir jeune.' (...) C'était tellement atroce de voir ma fille se suicider lentement."
Vendredi 22 juillet, à la veille de la mort d'Amy Winehouse, sa mère Janis avait déjeuné avec elle : "Elle avait l'air d'avoir un peu bu, mais beaucoup moins que par le passé. J'ai vraiment espéré qu'elle ait pris un tournant. J'ai cru que le pire était derrière nous..."
L'hommage scénique de Mark Ronson à sa "soeur" Amy
Hier, Mark Ronson, l'âme soeur artistique d'Amy Winehouse et le producteur de son album Back to black, lui a rendu hommage sur scène. Après avoir assuré un DJ set à Saint-Tropez mais avoir annulé celui de l'International Cartier Polo à Windsor, dimanche. Sur scène lors des Greenwich Summer Sessions après avoir assisté aux funérailles de celle qu'il considérait comme sa soeur, il a déclaré : "Ça a été une semaine de merde, et c'est vraiment bon de venir jouer pour vous, c'est ce qu'il y a de bien avec la musique."
"Si vous aimez Amy et sa musique, je veux vous entendre taper des mains. J'étais à ses obsèques hier, et le rabbin a dit : "La vie d'une personne se mesure en faits, pas en années." Les siens ont été plutôt déments, putain ! Je ne vais pas devenir sentimental ni morbide, mais c'est agréable de partager ce moment avec vous, qui appréciez la musique. Amy Winehouse était un génie, et a créé une musique bien plus brillante que j'en ferai jamais."
Et de jouer, accompagné des choristes d'Amy Zalon et Heshima Thompson, des versions revisitées de Rehab, Back to black ou encore sa Valerie.