Ce devait être un week-end de fête et de joie pour Federico Aramburu lorsqu'il se rend à Paris avec son ami Shaun Hegarty pour assister au choc entre la France et l'Angleterre, point d'orgue d'un Tournoi des 6 Nations dominé par les Bleus. Sauf que rien ne s'est passé comme prévu pour l'ancien rugbyman argentin, qui a perdu la vie au petit matin, le 19 mars, après avoir été abattu en pleine rue de plusieurs balles dans le dos. Une tragédie pour cet homme de 42 ans, installé dans le sud de la France, tombé sur les mauvaises personnes au mauvais moment. Tout commence lorsqu'une bagarre éclate entre lui et son ami et un groupe dans lequel se trouveraient Loïk Le Priol et Romain Bouvier, deux militants d'extrême droite.
Dans un article paru aujourd'hui dans L'Equipe, un témoin de la scène de bagarre qui a précédé les tirs raconte ce qu'il a vu à ce moment-là. Habitant le quartier et réveillé par "des hurlements et des insultes", ce témoin met le nez à sa fenêtre pour tenter de comprendre ce qu'il se trame. "L'apogée de la bagarre est compliquée à décrire mais j'entends un homme - que j'identifie aujourd'hui comme étant Le Priol - hurler, mais vraiment hurler (il insiste), des insultes et toujours en direction d'une seule et même personne, dont je ne sais pas, à ce moment-là, de qui il s'agit", raconte-t-il, avant de poursuivre : "C'est tellement violent, déterminé, et l'homme au sol ne réagit tellement pas, qu'une fraction de seconde je me dis qu'il a dû merder et qu'il 'accepte' de prendre une raclée".
L'homme au sol, c'est Federico Aramburu, qui ne souhaite pas se battre selon le témoin de la scène. Après l'intervention du personnel du bar Le Mabillon (6e arrondissement de Paris), il arrive à mieux se rendre compte de ce qu'il voit. "C'est là que je comprends que c'est du deux contre deux (les suspects Le Priol et Bouvier contre les anciens rugbymen Federico Martin Aramburu et son ami Shaun Hegarty)", assure-t-il. C'est le principal suspect dans cette affaire qui va surtout retenir son attention, dont il décrit les agissements avec précision. "Je perçois la détermination de Le Priol, même si à cet instant je ne sais pas qui c'est. Il tente d'y retourner, il continue de hurler des insultes (...) Je pense que s'il avait pu le tuer avec ses poings, il l'aurait tué avec ses poings", lâche-t-il.
Il se relève. Il vient de se faire défoncer et il ne cherche même pas à rendre les coups
Une attitude qui contraste avec celle de Federico Aramburu selon le témoin. "Je voyais Aramburu à terre et je me souviens me dire qu'il se prend des putains de droite. Il se relève. Il vient de se faire défoncer et il ne cherche même pas à rendre les coups", se rappelle-t-il.
Quelques minutes plus tard, l'ancien rugbyman est abattu en pleine rue de plusieurs balles. Loïk Le Priol prend la fuite et sera retrouvé quelques jours plus tard en Hongrie. Romain Bouvier sera interpellé le lendemain dans la Sarthe, tandis qu'une jeune femme est déjà entendue par les enquêteurs depuis le jour du drame. Loïk Le Priol a été rapatrié en France et il est incarcéré depuis le 3 avril dernier.
Loïk Le Priol et Romain Bouvier restent présumés innocents jusqu'au jugement définitif de cette affaire.
Retrouvez l'article en intégralité sur le site de L'Équipe.