Le compositeur et chef d'orchestre français Pierre Boulez est décédé le mardi 5 janvier au soir à Baden-Baden, en Allemagne, où il résidait. C'est sa famille qui l'a annoncé ce mercredi : "Pour tous ceux qui l'ont côtoyé et qui ont pu apprécier son énergie créatrice, son exigence artistique, sa disponibilité et sa générosité, sa présence restera vive et intense", écrit-elle dans un communiqué diffusé par la Philharmonie de Paris, dont il était l'initiateur. Pierre Boulez avait 90 ans.
Pour LeMonde.fr, la mort du compositeur "met un point véritablement final au XXe siècle musical avant-gardiste qu'il avait notablement contribué à façonner, avec d'autres compositeurs nés au milieu des années 1920... Ils avaient tous adhéré à un langage qui remettait en question les acquis fondamentaux de l'harmonie classique."
Pierre Boulez avait une réputation de teigneux dans les années 1960, appelant notamment à "dynamiter" l'Opéra de Paris, ce "ghetto plein de merde et de poussière". Mais il était aussi brillant qu'influent, bataillant pour la place de la musique nouvelle dans les programmes de concerts et encourageant la création musicale la plus exigeante.
On lui doit la création de l'Ensemble intercontemporain (EIC), premier groupe français permanent de musique contemporaine soutenu par l'État, en 1976, ainsi que celle de l'Institut de recherche et coordination acoustique/musique (Ircam), sous l'impulsion du président Pompidou. L'Ircam est à la fois un centre de recherche sur le son et une école de création musicale où, par exemple, Émilie Simon a étudié la musique électronique. C'est à l'Ircam que Boulez conçoit Répons - pour beaucoup son chef-d'oeuvre. Il était également un chef d'orchestre très demandé. Il a notamment été le directeur musical du prestigieux Orchestre philharmonique de New York, dans les années 1970. Il a dirigé plus rarement des opéras comme le Ring du centenaire au Festival Wagner de Bayreuth (1976-1980) et la première mondiale de la version intégrale de Lulu d'Alban Berg, au Palais Garnier (1979). Pour la mise en scène de ces deux oeuvres, Boulez avait fait appel au regretté Patrice Chéreau.
Le compositeur est également à l'origine de la Cité de la musique (inaugurée en 1995) et de la Philharmonie de Paris, ouverte en janvier 2015 en son absence, alors qu'il était déjà malade. C'est au début des années 1960 que Pierre Boulez s'était exilé en Allemagne, en raison de l'attitude conservatrice du monde musical français.