Il y a 48 heures, la princesse Mabel fêtait son 45e anniversaire et remerciait chaleureusement via Twitter tous ceux à s'être gentiment manifestés, le roi Willem-Alexander et la reine Maxima des Pays-Bas avaient la tête à leurs vacances en Grèce, dans leur nouvelle villégiature rêvée du Péloponnèse, et le Premier ministre Mark Rutte savourait la trêve. La mort, survenue lundi matin à 44 ans, du prince Friso d'Orange-Nassau, qui était dans le coma depuis février 2012 suite à un accident de ski et avait été rapatrié de Londres aux Pays-Bas début juillet 2013, a pris tout le monde de court. Une atroce surprise.
Le couple royal a aussitôt annulé ses vacances en Grèce et s'est rapidement rendu au palais Huis ten Bosch, sa résidence à La Haye, où la dépouille du défunt se trouve, pour lui rendre les derniers hommages, tandis qu'un faire-part de décès était émis au nom du souverain : intronisé le 30 avril dernier dans l'euphorie générale, après l'abdication de sa mère Beatrix et en la présence radieuse de la princesse Mabel parmi le gotha, Willem-Alexander n'aurait jamais pensé devoir quelques semaines plus tard enterrer son frère cadet.
Des funérailles dans la plus stricte intimité, près du château de son enfance...
Le monarque, la famille royale et le Premier ministre néerlandais devaient aujourd'hui s'entretenir pour décider de la date et du lieu des obsèques du prince Friso, qui laisse une épouse foudroyée, Mabel, après un calvaire de près d'un an et demi, à espérer son réveil et guetter les moindres signes de conscience, et deux fillettes de 8 et 7 ans, les comtesses Luana et Zaria.
Alors qu'un registre de condoléances a été mis à la disposition du public par la cour batave, le service de communication du palais a signalé mardi après-midi que les funérailles du prince Friso se dérouleraient vendredi 16 août en petit comité à Lage Vuursche, le tout petit et paisible village de son enfance, dépendant de la municipalité de Baarn, dans la province d'Utrecht, qui a vu naître au palais Soestdijk la princesse Beatrix. Celle qui fut reine des Pays-Bas du 30 avril 1980 au 30 avril 2013 avait acquis en 1959 à Lage Vuursche le château Drakensteyn, en faisant sa résidence à partir de 1963 : c'est là que grandirent les trois garçons nés de son mariage avec feu le prince Claus, Willem-Alexander, Friso et Constantijn, avant que la famille emménage à La Haye en 1981, au début du règne de Beatrix.
Après un service funéraire conduit par le révérend C.A. ter Linden en l'église Stulp, le cadet de la fratrie sera enterré dans le cimetière voisin. La décision de la famille royale d'organiser ces obsèques à huis clos s'avère parfaitement logique, attendu que Friso avait été exclu de la Maison royale et de l'ordre de succession au trône du fait de son mariage avec la princesse Mabel : en accord avec la volonté du couple, le gouvernement n'avait pas sollicité l'approbation du Parlement pour cette union, élément constitutionnel indispensable au maintien des membres de la famille royale dans le système monarchique. La pierre d'achoppement concernait des déclarations de la bien-aimée de Friso, Mabel (née Wisse Smit), sur des contacts (platoniques) qu'elle aurait eus auparavant avec un baron de la drogue néerlandais, Klaas Bruinsma. Friso et Mabel avaient été mariés le 24 avril 2004 en l'église de Delft, et Mabel avait intégré la famille royale, à défaut de la Maison royale ; le marié avait perdu son titre de prince des Pays-Bas, mais conservé celui, héréditaire, de prince d'Orange-Nassau, écuyer d'Amsberg, ainsi que - par décret - son appellation d'altesse royale.
Si les funérailles du prince Friso auront lieu en privé à Lage Vuursche, à la surprise relativement partagée des médias néerlandais, prompts à penser que le défunt reposerait - comme la plupart des membres de la famille royale - dans la crypte royale de la Nieuwe Kerk de Delft, la cour a précisé qu'un service commémoratif serait organisé ultérieurement.
La famille royale réunie autour de la dépouille, une veillée funèbre pour commencer le travail de deuil...
Ses proches ont d'ores et déjà commencé à se recueillir auprès de sa dépouille, au palais Huis ten Bosch. Le prince Friso, qui était jusqu'alors pris en charge à l'hôpital Wellington de Londres depuis le 1er mars 2012, deux semaines après avoir été pris dans une avalanche en faisant du hors piste à Lech dans les Alpes autrichiennes, y avait été transféré le 9 juillet 2013. A la base, pour y passer l'été, pas pour y trépasser : "Si son état de santé continue d'être préoccupant, le prince ne nécessite plus de soins hospitaliers. Au cours des prochains mois, toutes les options envisageables pour lui procurer le traitement et les soins à long terme requis - aux Pays-Bas et au Royaume-Uni - seront étudiées en concertation avec des experts", expliquait le communiqué alors diffusé par la cour néerlandaise. Ironie du sort, on apprenait en janvier dernier que la princesse beatrix quitterait dans l'année sa propriété de Lage Vuursche, le château Drakensteyn où Friso et ses frères ont grandi, pour le palais du couple royal, Huis ten Bosch, où Friso a succombé...
Dans la nuit de lundi à mardi, la princesse Mabel, le roi Willem-Alexander, sa mère la princesse Beatrix et son frère le prince Constantijn s'y sont réunis pour la veillée funèbre du défunt. Aux premières heures de mardi matin, la reine Maxima a rallié le cortège, avec ses trois filles, Catharina-Amalia, Alexia et Ariane. Un peu plus tard, vers 10h30, la princesse Laurentien, épouse du prince Constantijn, ainsi que le prince Maurits d'Orange-Nassau, fils aîné de la princesse Margriet et cousin du défunt, se joignait avec sa femme la princesse Marilene au chagrin de la famille.
Les messages de condoléances ont afflué de toutes parts, battant même tristement des records sur les réseaux sociaux et le site de la Maison royale. Le Premier ministre Mark Rutte a ainsi déploré une perte "extrêmement triste" : "Bien que nous redoutions tous ce dénouement, la nouvelle de sa mort est dévastatrice. Pour la princesse Mabel et ses deux filles, ce doit être une douleur ineffable. Nos pensées sont avec elles. De même, sa disparition est un coup dur pour la princesse Beatrix. Voir un de ses enfants mourir est la pire chose qui puisse arriver à une mère", a réagi le chef du gouvernement néerlandais. Le roi Philippe de Belgique et la reine Mathilde, intronisés moins de deux mois après Willem-Alexander et Maxima, ont témoigné à leurs homologues leurs condoléances au nom du peuple belge et toute leur sympathie dans cette terrible épreuve.
G.J.