Faux semblants. Chez les Coppola, on est artisan et acteur du septième art de grand-père en fille. Comédien, réalisateur, scénariste, producteur, compositeur ou même directeur de la photographie pour ne citer que quelques corps de métier... Le cinéma chez les Coppola, c'est tout un art et une affaire de famille. Dans ce clan où trône toujours l'immuable Francis Ford, allons chercher la petite dernière, Gia. Alors que son premier film en tant que réalisatrice est présenté à la 70e Mostra de Venise, zoom sur cette nouvelle venue... dont les ressemblances avec sa tante Sofia Coppola ne sont pas que physiques.
Père(s) absent(s)
Née le 1er janvier 1987, aujourd'hui âgée de 26 ans, Gia Coppola porte sur ses épaules un lourd fardeau. Comme Sofia, sa tante, elle rêve de septième art, de mise en scène et, comme elle, peint une adolescence à la recherche d'une raison de vivre, en rébellion contre l'autorité, les codes et elle-même. Palo Alto est tiré du recueil de romans de James Franco, un des proches de la famille Coppola, qui s'est inspiré de son vécu et de récits glanés ici et là, pour concocter ce roman où les portraits se croisent et s'entrechoquent. Dès la première bande-annonce, on a très vite compris d'où vient Gia Coppola, à quel biberon elle a été nourrie et jusqu'où vont ses influences.
Physiquement, l'allure frêle, la dentition blanche et le sourire large, les cheveux blonds foncés avec de petites mèches blondes en option, Gia et Sofia ont beaucoup en commun. Cinématographiquement, on se dit que les deux filles poussent les similarités vraiment très loin. Même sens de la scène, au-delà des thématiques qui rassemblent les deux réalisatrices, plans serrés sur les visages, caméra instable et vivante... Les exemples abondent.
Fille de Gian-Carlo Coppola (lui aussi acteur et producteur associé), Gia n'aura pas connu son père. Pendant que Sofia se morfondait au Château-Marmont dans l'ombre d'un père envahissant, Gia manquait elle aussi, à sa manière, d'une attache paternelle. C'est ce qui différencie au premier abord, puis rapproche les deux femmes. Tué dans un accident de speedboat en mai 1986 à l'âge de 22 ans à Annapolis, Maryland, "Gio" Coppola ne connaîtra pas sa fille, alors dans le ventre de sa mère depuis deux mois. À la naissance de sa petite-fille, Francis Ford recueille la mère, Jacqui de la Fontaine, une styliste qui fera plus tard couler de l'encre avec son mariage houleux avec le magnat Peter Getty. C'est ce dernier qui servira de père de substitution à Gia, qui en reste proche aujourd'hui. Enfant, elle voit donc les fêtes s'enchaîner dans la maison de sa mère et de Getty. Les amis de la famille Coppola (Demi Moore, James Franco, Jason Schwartzman, Heather Graham...) sont aussi les siens. Mais enfant, déjà, elle nourrit les rêves d'une future cinéaste.
De Vogue à Venise
Avant Palo Alto, c'est en photographe (et de qualité) qu'elle lance sa carrière. À l'aube de ses 18 ans, elle signe des doubles pages dans Vogue. Très vite, elle prend la caméra, dirige son cousin Jason Schwartzman et Kirsten Dunst dans Non Plus One, un court métrage remarqué. Voilà que la mode lui fait les yeux doux, forcément elle qui est intimement liée aux deux univers, entre ses expérience de photographe à Vogue et sa relation atavique au cinéma. Zac Posen, puis Orla Kiely, font appel aux talents de la jeune fille.
Entre-temps, Gia Coppola se fait les dents dans la famille. Consultante sur Twixt du patriarche Francis Ford, au costume dans Somewhere, de Sofia. Justement, avec Palo Alto, Gia Coppola marche sur les traces de sa tata, qui avait glané le Lion d'or à Venise 2010. Dans Palo Alto, elle dirige l'inusable James Franco, la belle Emma Roberts, Jack Kilmer (fils de Val) et Keegan Allen (Pretty Little Liars). Le film n'a toujours pas de date de sortie, mais devrait profiter de Venise et Toronto pour trouver un distributeur.
C.R.