À l'écran, c'est une actrice extrême, adepte des films d'auteur extrêmes, à l'écoute des pulsations du cinéma au-delà des frontières. Mais le cinéma n'est pas la vie et Isabelle Huppert arbore une nouvelle fois une panoplie de princesse à la Mostra de Venise, six mois après sa montée des marches cannoises pour In Another Country du Coréen Hong Sangsoo. Rendez-vous italien oblige, l'actrice est cette fois-ci venue présenter La Bella Addormentata de Marco Bellocchio, un film âpre sur l'euthanasie.
Cinéaste du scandale, de la violence et de l'anticonformisme, Marco Bellochio raconte l'histoire vraie d'Eluana Englaro, victime d'un accident de voiture qui l'a laissée dans un état végétatif irréversible à 22 ans. Ayant auparavant exprimé son désir de mourir en cas de coma, elle a provoqué un scandale parmi les hautes sphères politiques et du Vatican, tandis que son père a été un temps poursuivi pour homicide. Après avoir refusé la requête en 1999 puis 2005, la justice italienne a accepté de laisser mourir Eluana Englaro en 2009, après dix-sept ans de coma. Entre pure fiction et vraie réalité, Marco Bellochio narre le combat acharné de plusieurs hommes et femmes secoués par ce drame, d'un politicien déchiré par sa conscience à une célèbre actrice qui espère que sa fille se réveillera.
Sélectionné en compétition officielle, La Bella Addormentata a confirmé qu'Isabelle Huppert est sur tous les plans. Venue au Festival de Cannes avec deux films, l'actrice de 59 ans en présente deux autres à la Mostra puisqu'elle est de la distribution étourdissante des Lignes de Wellington, dernier film de Raoul Ruiz mené à terme par sa compagne Valeria Sarmiento. En outre, le festival a réhabilité le film maudit La Porte du paradis (1980) de Michael Cimino, présenté dans une version restaurée lors d'une séance spéciale. Une belle coïncidence puisque la comédienne française a repris le chemin des productions américaines avec le thriller Dead Man Down avec Colin Farrell et Noomi Rapace, les deux volets de The Disappearance Of Eleanor Rigby avec James McAvoy et Jessica Chastain, ainsi que le remake de Suspiria de David Gordon Green. Côté français, elle est annoncée dans Abus de faiblesse de Catherine Breillat avec Kool Chen, inspiré du drame de la réalisatrice escroquée par Christophe Rocancourt. Elle sera à l'affiche de la Palme d'or Amour de Michael Haneke le 24 octobre.