Présenté en avant-première mondiale à Londres, le film Diana a franchi le temps d'une journée la Manche pour poursuivre sa promotion en France, pays où Lady Di, "Princesse des coeurs ", trouva la mort le 31 août 1997. Naomi Watts, qui incarne Diana Spencer dans les deux dernières années de sa vie, ainsi que Naveen Andrews, son partenaire à l'écran dans la peau du fameux et méconnu Hasnat Khan, étaient au côté du producteur Robert Bernstein et du réalisateur Oliver Hirschbiegel. Nous les avons rencontrés.
A peine remis des émotions de la veille sur le tapis rouge londonien, Naomi Watts et ses complices ont dû affronter la critique. D'emblée, l'actrice australo-britannique, superbe comme à son habitude, précise que "le film n'est certainement pas un documentaire" et qu'à l'instar des dires de son producteur, "il est façonné sur des faits que tous peuvent consulter". Pour autant, certains critiques – et ils sont nombreux – n'ont pas apprécié cette nouvelle intrusion dans la vie de cette regrettée personnalité, "la plus importante de notre époque", dixit Naomi Watts.
La famille royale savait
De son côté, le réalisateur allemand à qui l'on doit La Chute en a conscience : "Les critiques ne m'ont pas surpris. Ce qui intéressant, c'est qu'elles sont extrêmes, et intriguent le public, et c'est cet intérêt qui motive notre film. On critique plus l'idée même d'avoir fait ce film, plutôt que le film en lui-même", croit savoir le cinéaste, amoureux de Jacques Brel (dont il utilise l'une des romantiques partitions dans le film).
Comme l'indique Naomi Watts, "tout le monde a l'impression de pouvoir incarner Diana", ou bien "tout le monde a le sentiment de posséder une part d'elle", explique Robert Bernstein, lequel a dû se frotter à quelques difficultés dans l'élaboration du futur film polémique. "Il y a eu beaucoup de controverses à ce sujet, raconte-t-il, pendent deux ans, nous avons écrit à la famille royale pour les informer des avancées du film", seule possibilité pour eux de ne pas la froisser, crainte principale de Naomi Watts, dont les pensées étaient constamment tournées vers les enfants de Diana, William et Harry. "Je n'ai eu de cesse de penser à eux. Je ne voulais en aucun attrister sa famille et ses deux enfants. Mais quelque part, ils s'attendent aussi à voir une partie de l'histoire de leur mère", quitte à ce que cela puisse rebuter dans un premier temps.
C'est aussi ce qui motive le producteur : "Il ne faut pas oublier qu'on est face à un morceau d'histoire." Alors le film, comme son actrice, ont salué dans l'oeuvre cette femme de courage qui "avait énormément d'empathie, et dont l'engagement était parfois avant-gardiste, comme ses actes contre le SIDA". Naomi Watts, émue, se souvient de la princesse qu'elle a connue, notamment via les événements nationaux. "Je ne lisais pas la presse ou les tabloïds, mais je la voyais à certains événements télévisés, ou bien le mariage... J'ai été bouleversée et choquée par sa mort. D'autant que depuis, il n'y a pas eu d'autre personne comme elle."
Quant à Hasnat Khan, mystérieux grand amour de Diana dans les deux dernières années de sa vie, il est à la fois objet de fantasme (le couple aurait-il continué sa relation malgré de multiples ruptures supposées, constamment discutées par les deux acteurs principaux) et de conflit. "J'ai voulu rencontrer Hasnat à son hôpital au début, se souvient Naveen Andrews, mais Oliver a pensé que c'était une mauvaise idée, et que oui, c'était une violation qu'on ne pouvait se permettre de faire." L'intéressé a d'ailleurs violemment critiqué le film qu'il n'ira par ailleurs pas voir. Pour lui, tout est faux.
"J'ai dû prendre 8 kilos, mais ce n'est qu'anecdotique parce qu'outre nos aspects physiques, il fallait regarder les âmes des personnages", commente l'ancien acteur de Lost. Pour lui, au-delà du biopic, c'était une histoire d'amour universelle, comme "une histoire d'amour profonde entre deux êtres dans une dimension proche des tragédies grecques". De son côté, outre le travail sur le personnage – elle a utilisé à outrance, voir de "manière quasi obsessionnelle" son intervention dans le programme Panorama et son interview avec Martin Bashir –, Naomi Watts a voulu être crédible dans son personnage. "C'est toujours important pour moi d'être dans la vérité, et de faire tout pour s'en approcher." Mais la vérité, qui la connaîtra un jour ?
"Diana", en salles le 2 octobre.