Depuis trois jours, la justice sud-africaine examine la demande de libération sous caution d'Oscar Pistorius. Jeudi 21 février, les avocats du jeune champion paralympique ont poursuivi leur entreprise de démolissage de l'accusation avec le même brio. Vendredi, l'ex-héros du handisport sera peut-être libre, mais ses sponsors se retirent un à un...
Cette troisième audience a commencé sur les chapeaux de roues. "Nous n'avons été informés qu'hier [mercredi, NDLR] que les accusations de tentatives de meurtre avaient été rétablies contre Hilton Botha", a déclaré le porte-parole de la police Neville Malila. Hilton Botha n'est autre que l'enquêteur en chef dans l'affaire Pistorius. Déjà ridiculisé la veille par les avocats d'Oscar Pistorius, Botha se retrouve complètement discrédité. Barry Roux, l'un des avocats de l'accusé, n'a fait que l'achever durant l'audience du jour, lui faisant reconnaître toutes les failles de l'enquête : une douille oubliée dans la cuvette des toilettes, les faiblesses des témoins, le non-respect du protocole, etc. "Je suis sûr que ça aurait pu être mieux mené", a été contraint de reconnaître Hilton Botha. Ce qui se joue, une nouvelle fois, c'est la réputation désastreuse de la police sud-africaine ; un ténor de la trempe de Barry Roux ne risquait pas de se priver de taper là où ça fait mal.
Jeudi soir, la police est contrainte de faire appel à un nouveau chef enquêteur : "Nous reconnaissons l'importance et la gravité de l'affaire", vient d'annoncer la directrice de la police nationale sud-africaine, Riah Phiyega.
Le manque de rigueur de la police "est un désastre pour ce procès, a commenté l'analyste Frans Cronje, de l'Institut sud-africain des relations entre les races. Dans une affaire aussi importante, on verrouille tout pour être certain que rien ne peut mal tourner. 15 000 personnes sont assassinées chaque année dans ce pays, et le taux de résolution des enquêtes est de 10%, ce qui donne l'étendue du problème."
Demain, vendredi 22 février, le juge Desmond Nair rendra sa décision finale quant à la libération sous caution d'Oscar Pistorius. Un procès, sur le fond des accusations de meurtre, sera organisé ultérieurement. Qu'il ressorte libre du tribunal ou qu'il reste derrière les barreaux, Oscar Pistorius a du souci à se faire pour ses revenus : après Clarins (il était l'ambassadeur du parfum masculin Thierry Mugler), c'est Nike qui suspend le contrat de l'athlète. Pistorius est également lié à British Telecom, Okaley et le groupe islandais Össur, qui fabrique ses prothèses. Selon l'AFP, ses partenariats représentaient jusqu'alors environ 3,5 millions d'euros par an... soit l'essentiel de ses revenus.