En se plongeant dans le costume du créateur de génie Yves Saint Laurent, Pierre Niney n'a pas seulement pris un risque en interprétant un personnage complexe et haut en couleur que le grand public connaît finalement assez mal. Il l'incarne à l'écran, lui rendant un vibrant hommage d'artiste à artiste, sans oublier ses penchants les plus sombres et méconnus. Pour Pierre Niney, YSL était "un artiste torturé mais loin des clichés, maniaco-dépressif depuis sa jeunesse". C'est cet homme dans ses contradictions que le jeune pensionnaire de la Comédie-Française campe dans le film de Jalil Lespert, premier des deux longs métrages dédiés à la figure d'Yves Saint Laurent (mais seul adoubé par Pierre Bergé, l'amant et bras droit d'YSL).
En couverture du magazine Edgar, Pierre Niney affiche cette nouvelle dimension qu'il a prise, et qui, clairement, se ressentira à la sortie de l'excellent film qu'est Yves Saint Laurent. Devant la caméra de Jalil Lespert et face à un autre membre de la troupe de la Comédie-Française (Guillaume Gallienne), Pierre Niney offre une incarnation brillante dans un rôle qui semble fait pour lui. Une raison à cela : le travail. "Je tenais absolument à arriver le premier jour sur le plateau de tournage en me disant que, de tout le monde, j'étais celui qui connaissait le mieux la vie d'Yves Saint Laurent", se souvient l'acteur. Pour ce faire, il enchaînera les interviews du célèbre créateur protégé de Christian Dior, répétera ou s'immiscera dans la vie privée de Saint Laurent, notamment avec la complicité de Betty Catroux (Marie de Villepin dans le film). "Elle m'a tout raconté : leur vie nocturne, leurs voyages, le côté sombre de Saint Laurent... Certaines choses que je ne répéterai à personne", raconte-t-il. Dans ses côtés sombres, la drogue. "C'était sa manière d'échapper à l'ennui de la vie", alors que le talent précoce d'Yves Saint Laurent amenait le génie à diriger sa propre maison au milieu de sa vingtaine.
Autre visage d'Yves Saint Laurent, l'homme amoureux d'autres hommes. Pour Pierre Niney, outre la pression que Jalil Lespert n'a pas fait peser sur lui, il dit avoir "surtout eu la chance de tourner avec Guillaume Gallienne". "Nous étions dans une forme de détente, de bonne intelligence, d'énergie qui nous a évité de trop nous prendre la tête", assure le jeune comédien de 24 ans et qui s'affiche aujourd'hui au bras de la belle Natasha Andrews, également comédienne. "Nous étions tellement concentrés sur cette histoire que nous n'étions pas paniqués à l'idée de nous rouler des pelles dans la journée", conclut-il.
L'authenticité, véritable souci premier de ce film vraiment immersif et réaliste, Jalil Lespert comme sa muse la doivent à l'intérêt de Pierre Bergé et à la bienveillance de la fondation Saint Laurent, qui a notamment sorti les véritables robes façonnées par le créateur. "À chaque prise, quinze représentantes de la fondation entouraient en blouse blanche les actrices, leur interdisaient de fumer, boire ou bouger... Elles étaient strictement autorisées à jouer leur scènes !", rappelle Pierre Niney.
Au final, 2014 pourrait bien être l'année de celui que l'on a découvert dans J'aime regarder les filles, puis en amoureux de Virginie Efira dans 20 ans d'écart. Dans Yves Saint Laurent, Pierre Niney passe un cap. "C'est une vraie chance. Je ne sais pas à qui ou à quoi je le dois", lâche, humble, le comédien.
"Yves Saint Laurent", en salles le 8 janvier 2014.