Retraité de l'armée depuis quelques mois, le prince Harry sait comment employer son temps : outre celui, important, qu'il consacre sous diverses formes aux vétérans et blessés de guerre, sa grande cause personnelle, l'Afrique est plus que jamais dans son coeur. Tandis que son frère le prince William s'est imposé comme le chef de file mondial de la lutte contre le trafic létal des espèces animales de la savane (il présidait d'ailleurs cette semaine le gala annuel des prix pour la protection de la faune du Tusk Trust), lui continue, tout en le soutenant, de se préoccuper en particulier du sort des enfants défavorisés du Lesotho. Déjà l'oeuvre, à seulement 31 ans, de toute une vie...
Je savais qu'il y aurait toujours un trou béant que rien ne pourrait remplir
Comme annoncé récemment par le palais, le prince Harry, après son long congé estival passé en toute discrétion sur le continent africain dont il a hérité la passion de sa mère Lady Di, avait programmé une nouvelle visite humanitaire d'une semaine dans le petit royaume enclavé d'Afrique du Sud. Ebranlé par l'expérience de son année sabbatique là-bas, il y créait en 2006 avec le prince Seeiso, son ami, l'association Sentebale en faveur des enfants démunis de ce pays durement touché par le VIH ; "Sentebale", soit "ne m'oubliez pas", un nom pensé en hommage à leurs défuntes mères la princesse Diana et la reine 'Mamohato. Jeudi dernier, alors qu'il prenait part à l'inauguration du foyer pour enfants Mamohato, Harry a avoué ce lien particulier qu'il ressent vis-à-vis de ces enfants dans le besoin, ayant lui-même été privé de sa mère à un jeune âge (à peine 13 ans) : "Bien que nos situations respectives n'aient guère pu être plus différentes, a-t-il déclaré, j'ai senti une connexion extraordinaire avec beaucoup des enfants que j'ai rencontrés. Ils étaient nettement plus jeunes que moi, et, bien sûr, leur situation était bien plus éprouvante que la mienne ; néanmoins, nous avions en commun ce même sentiment de perte, avec un être aimé, dans mon cas un parent, qui nous avait été arraché si brusquement. Tout comme eux, je savais qu'il y aurait toujours un trou béant que rien ne pourrait remplir."
Si ses souvenirs de ces moments fondateurs au Lesotho sont encore puissamment ancrés dans sa mémoire, un jeune garçon occupe une place à part dans l'esprit d'Harry : dix ans après leur première rencontre à l'orphelinat Mants'ase, le prince britannique retrouvait jeudi après-midi Mutsu Potsane, un adolescent d'aujourd'hui 15 ans que le fils du prince Charles a revu à plusieurs reprises au fil du temps, au gré de ses visites au Lesotho (dont la dernière en date, en décembre 2014). Les images de leur gros câlin faisaient plaisir à voir... "Il m'a dit que j'ai grandi, a confié Mutsu après leurs retrouvailles, dont le prince a profité pour s'enquérir de ses résultats à l'école. Je me sens très à l'aise avec Harry, et il se sent très à l'aise avec moi. Entre nous, ça colle." Mutsu bénéficie d'une aide (logement, bourse) dans le cadre d'un programme pédagogique de Sentebale : "J'espère, écrivait-il dans une lettre à Harry en 2014, que tu te souviens quand nous plantions ensemble des pêchers et je sais que tu es content que je t'écrive encore. Je me sens tout heureux quand je rêve/repense à toi parce que tu as été avec moi depuis mon enfance et que tu m'as apporté les bottes en caoutchouc bleues."
Fidèle à son sens de l'humour intarissable et à toute épreuve, le prince Harry, qui doit disputer ce samedi un tournoi de polo caritatif, a fait bien rire son monde en commentant la chaleur difficile à supporter pour un Britannique tout juste débarqué dans le sud de l'Afrique tel que lui : rigolant des coups de soleil que des membres de son équipe avaient pris, il s'est notamment interrogé devant les médias sur le type de chapeau qu'il pourrait porter sans avoir l'air bête, lors d'une visite au Premier ministre du Lesotho avant d'aller inaugurer le nouveau site de Sentebale. Il y a notamment baptisé une salle de restauration du nom de la princesse Diana, mais a également dévoilé une plaque commémorative à la mémoire d'Olga Powell, la chère nourrice dont William et lui pleurèrent la disparition en 2012.
A noter que deux fidèles ambassadrices de Sentebale avaient précédé Harry au Lesotho : la chanteuse Joss Stone, proche du prince, et l'actrice Laura Main avaient au préalable visité le foyer Phelisanong.