A l'approche de leur confrontation annoncée, le 14 avril lors d'une audience de conciliation devant le tribunal des prud'hommes, Raymond Domenech et la Fédération Française de Football étaient-ils en mesure de s'entendre à l'amiable en amont ? Rien n'est moins sûr... Mais ce qui apparaît comme certain, c'est que la hache de guerre ne risquait pas d'être enterrée avec l'enveloppe de 32 000 euros que la Fédé a proposée à son ancien employé, une indemnité dérisoire comparée aux 2,9 millions d'euros que réclame l'ancien sélectionneur au motif du licenciement abusif dont il a été victime, remercié pour faute grave au mois de novembre 2010.
La somme offerte par la FFF correspond au montant des primes pour la qualification à la Coupe du Monde 2010 : le chèque, que Raymond Domenech refuse d'encaisser, était assorti d'une lettre du trésorier de la FFF, Bernard Desumer, d'une autre de son président Fernand Duchaussoy, et d'un bulletin de salaire s'élevant à 32 000 euros (brut), daté de mars 2011. Fernand Duchaussoy, qui a fait sourire les observateurs cette semaine en révélant que les primes auxquelles les Mondialistes ont renoncé au profit du foot amateur serviraient notamment à l'acquisition de... mini-bus (plutôt cocasse après le fameux "épisode du bus de Knysna"), explique benoîtement : "C'est normal, il avait qualifié l'équipe. Cela correspond à la période de qualification de la saison 2009-10, soit de juillet à novembre 2009. Mais post-qualification, il n'a rien touché. Raymond Domenech a touché ce qu'il devait, il n'y a pas d'ambiguïté là-dessus, il a reçu un chèque, ce qui aurait dû être fait en même temps que les joueurs, il n'y ni faveur ni défaveur, il a été traité comme tous les joueurs."
Quel aplomb ! Il devait pourtant s'attendre à ce que ce geste "normal" soit perçu comme une provocation du côté de Raymond Domenech. D'ailleurs, c'est le branle-bas de combat dans son équipe, Pascal Irastorza, qui défend depuis fin 2010 ses intérêts (et également ceux, depuis plus longtemps, de Sébastien Chabal), en tête, qui réagit : "Nous n'allons pas être d'accord. Nous avons dénoncé le solde de tout compte et les prud'hommes seront saisis au même titre que le licenciement abusif. C'est une procédure jointe. A partir du moment où il y a dénonciation, il y a saisine du conseil des prud'hommes. On va déposer des conclusions, on reprendra tous les griefs avec en plus le solde de tout compte dénoncé."
Sollicité par la télévision et les publicitaires, occupé à entraîner de jeunes pousses, Raymond Domenech, qui sortait enfin de son mutisme au mois de février pour "rétablir sa vérité", a un match rugueux à disputer sur le terrain judiciaire.