Réalisateurs amoureux : Ces stars filmées par ceux qui les aiment

Devant la caméra dans The Artist, Bérénice Bejo apparaît muette, mais d'un seul mouvement des cils, elle habite l'écran de sa beauté piquante, envoûtant le spectateur. Dans ce long métrage sans voix, elle laisse bouche bée et nous entraîne dans son monde sans mot, avec Jean Dujardin et devant la caméra de Michel Hazanavicius. Celui-ci n'est pas que le réalisateur, il est aussi l'homme que Bérénice Bejo aime et avec qui elle a eu deux enfants. Quand le cinéma résonne avec les battements du coeur, le résultat promet d'être intense. Petit tour d'horizons des cinéastes qui filment l'objet de leur affection.


Sublimées

En Peppy Miller, Bérénice Bejo est l'ingrédient magique de The Artist. Elle est néanmoins loin d'être la seule à avoir été sublimée par la caméra de celui qu'elle aime, ou qu'elle a aimé. Filmée par Roger Vadim en 1956 dans Et dieu créa la femme, Brigitte Bardot atteint le statut de sex symbol de façon époustouflante. Mais l'hypermédiatisation du film aurait eu raison de leur mariage. Fable qui en a fait pleurer plus d'un dans les salles de cinéma, La vie est belle (1997) pour Roberto Benigni grâce à celle qui est et joue sa femme, Nicoletta Braschi. Dans The Fountain (2006), Darren Aronofsky dirige celle qui était sa compagne Rachel Weisz qui incarne la femme de la vie du personnage de Hugh Jackman fait tourner sa Melanie Griffith dans La tête dans le carton à chapeaux, lui offrant un rôle fougueux. Roman Polanski fait, lui, d'Emmanuelle Seigner un fantasme vivant dans Lune de fiel (1992) et dans La Neuvième Porte (1999).


Super-women

Les réalisateurs utilisent parfois leur objectif pour transformer l'amour de leur vie en "sur-femme". Milla Jovovich tue des zombies dans Resident Evil, réalisé par son mari Paul WS Anderson et il la transforme aussi en Milady castagneuse dans Les Trois Mousquetaires. Kate Beckinsale pourchasse les lycans pour Len Wiseman et Underworld, et joue dans Total Recall nouvelle version, réalisé par... son Len. Linda Hamilton en voit de toutes les couleurs dans Terminator 1 et 2, pour les beaux yeux de James Cameron qu'elle fréquenta dès 1991, et épousera en 1997 pour une courte durée. Dans la catégorie super-femme, citons Frances McDormand, madame Joel Coen, en femme flic enceinte de sept mois dans le film Fargo des frères Coen.

Abîmées par la vie

Les réalisateurs amoureux sont parfois sans pitié avec leurs bien-aimées qu'ils font souffrir dans leurs films. Dans L'amour braque d'Andrzej Zulawski, Sophie Marceau se retrouve en prostituée entre un gangster hystérique et un être innocent pour une relation passionnée, et dans La Fidélité, elle n'échappe pas non plus aux tourments des sentiments. Isabella Rossellini obtient des rôles déroutants dans Blue Velvet et Sailor & Lula, longs métrages de David Lynch, nouant une relation douloureuse avec le cinéaste. Les affres de l'amour sont évoqués sans détour par Michael Cohen qui dirige sa femme Emmanuelle Béart dans Ça commence par la fin. Sam Mendes pousse dans les retranchements de la souffrance du couple son épouse Kate Winslet, pour les besoins de Noces Rebelles. Le couple se séparera peu de temps après, à l'inverse de Guillaume Canet et Marion Cotillard. Si elle est instable dans Les Petits Mouchoirs, film de son compagnon, elle est, loin des caméras, épanouie et au mois de mai, le couple a accueilli l'arrivée du petit Marcel.

Plus vraies que natures

Entre fantasme et réalité, la distinction est difficile à faire pour les films de Woody Allen. Ses oeuvres, dans lesquelles il a dirigées celles qui ont partagé sa vie, Diane Keaton et Mia Farrow (dans Manhattan et Alice respectivement et entre autres), semblent être le reflet de ses propres réflexions sur le couple. Yvan Attal distille aussi ses interrogations sur la relation homme-femme dans Ma femme est une actrice et Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants, dans lesquels joue la mère de ses trois enfants, Charlotte Gainsbourg. Il s'apprête à la diriger une nouvelle fois dans le remake de la comédie américaine The Humpday. Glissons également Madonna, diva de la pop qui se retrouve riche et capricieuse dans A la dérive, réalisation de celui qui fut son mari, Guy Ritchie.

Les amoureux des actrices

Dans la catégorie des réalisateurs qui ne résistent pas à leurs actrices figurent Claude Lelouch et Luc Besson. Le premier livre des odes aux femmes à travers ses longs métrages et fait tourner Evelyne Bouix à de nombreuses reprises (Tout ça... pour ça !, Un homme et une femme : vingt ans déjà, Partir, revenir, Viva la vie !, Édith et Marcel et Les Uns et les autres) ou encore Alessandra Martines qui tournera avec lui dans sept films ! Luc Besson n'est pas mal loti non plus puisqu'il a été en couple avec Anne Parillaud, sa Nikita et avec Milla Jovovich, son Cinquième Élément.

Les muses

Femmes mystérieuses et envoûtantes sur grand écran, elles forment avec leurs réalisateurs des tandems mythiques, nourris par la création artistique. Possédant le statut de muses, ces comédiennes prennent possession corps et âme de leur oeuvre : Ingmar Bergman et Liv Ullmann symbolisent la relation muse et artiste (L'heure du loup, Une passion). Ingrid Bergman a envoyé une humble lettre à Roberto Rossellini, lui proposant ses services. En découleront des longs métrages (Stromboli, Europe 51 et Voyage en Italie) et trois enfants, dont Isabella Rossellini. John Cassavetes a élevé au rang d'icône Gena Rowlands (Une femme sous influence, Opening Night, Gloria), tandis que Tim Burton trouve l'amour et l'actrice parfaite pour incarner son univers gothique et fantasque : Helena Bonham Carter (Big Fish, Charlie et la chocolaterie, Sweeney Todd, Alice au pays des merveilles et bientôt Dark Shadows).

Les femmes derrière la caméra

Moins nombreuses à s'adonner aux plaisirs de la réalisation que leurs homologues masculins, des réalisatrices ont aussi filmé les hommes qu'elles aiment, ou qu'elles ont aimé. Sam Taylor-Wood n'a pas résisté aux talents et au charme de son acteur dans Nowhere Boy, Aaron Johnson, bien plus jeune qu'elle, mais cela ne l'a pas empêchée de former un couple et d'avoir un enfant avec lui. Cependant, ce sont les Françaises qui sont les cinéastes les plus "amoureuses" : Sophie Marceau dirige Christophe Lambert dans La Disparue de Deauville, Karine Silla fait tourner Vincent Perez dans Un baiser papillon, Valérie Donzelli a retracé les épreuves du couple qu'elle a formé avec Jérémie Elkaïm dans La guerre est déclarée et enfin, Maïwenn a noué une forte relation avec JoeyStarr, qu'elle a aimé et dirigé dans Le Bal des actrices et Polisse.


Samya Yakoubaly