Voilà maintenant 38 ans que Romy Schneider a été trouvée morte chez elle, dans son appartement parisien du 7e arrondissement. C'est son compagnon d'alors, le producteur Laurent Pétin, qui avait fait la macabre découverte, au matin du 29 mai 1982. La légendaire interprète de l'impératrice Sissi n'avait que 43 ans et les causes de son décès n'ont jamais été établies, et pour cause : aucune autopsie n'a été réalisée.
Lors d'une interview accordée au journal Libération en 1998, le procureur Laurent Davenas, alors en charge de l'enquête, avait expliqué pourquoi il avait refusé de faire autopsier le corps de la star allemande, naturalisée française : "Sissi ne devait pas embarquer pour son dernier voyage au quai de la Rapée. Je ne pouvais me résoudre à détruire le mythe, à en faire une carcasse, palpée, manipulée, éventrée par les mains d'un expert pathologiste." Sans autopsie, le mystère continue donc de planer sur cette triste disparition. Entre une mort naturelle, un suicide ou un accident lié à la prise d'alcool et de médicaments, les avis de témoins divergent...
Pour son fiancé de toujours, Alain Delon, Romy Schneider "s'est délibérément laissée mourir". Arrivé sur place peu de temps après que son coeur avait cessé de battre, l'acteur s'est longuement recueilli devant le corps de celle qu'il a aimée passionnément, après leur rencontre sur le tournage du film Christine, en 1958 et ce, jusqu'à la douloureuse rupture de leurs fiançailles en 1963. "C'est un suicide volontaire parce qu'elle n'a jamais supporté la mort de David [son fils, décédé en 1981 à 14 ans, NDLR]. Elle n'a jamais plus été Romy", le Guépard avait-il confié à la journaliste Sarah Briand dans son ouvrage Romy, une longue nuit de silence (publié chez Fayard en 2019). "Elle n'a plus jamais été la femme que j'ai connue. Elle était entre deux vies. Elle n'était plus là. Elle voulait tellement mourir qu'il n'y aurait pas eu cela, elle serait morte autrement."
Une thèse du suicide pourtant niée par le journaliste Guillaume Evin, auteur du livre Les mystères Romy Schneider (aux éditions Timée, en 2009) : "Elle ne s'est pas suicidée. L'usure, le trop-plein et les excès de la vie ont eu raison d'elle. Elle a lâché prise, avait-il affirmé à TF1 News. Elle est morte, fatiguée de tout. Il fallait tirer le rideau."
Romy n'avait aucune intention morbide
Pour ce qui est d'une mort liée à une dépendance à l'alcool et aux médicaments, notamment évoquée dans le film Trois jours à Quiberon en 2018, plusieurs proches de l'actrice ont fermement rejeté cette idée, y compris son ex-mari Daniel Biasini, leur fille Sarah Biasini, et la dernière personne à l'avoir vue le soir du 28 mai 1982 : Claude Pétin, sa belle-soeur et amie. "Je suis la dernière à avoir vu Romy. Elle est morte quelques minutes seulement après mon départ. Mais une chose est sûre, Romy ne s'est pas suicidée... et Romy n'est pas morte à cause de barbituriques et d'alcool. D'ailleurs, elle ne buvait plus", avait-elle finalement confié en 2012 auprès d'M6.
Contrairement à la version du procureur, qui avait affirmé avoir retrouvé de l'alcool et des médicaments sur place, Claude Pétin est catégorique : "Il n'y avait aucune bouteille de vin, aucun médicament sur la table du salon de Romy. J'en suis sûre." Selon elle, l'actrice qui était affaiblie par une récente ablation du rein serait morte naturellement, des suites d'un malaise. "Romy n'avait aucune intention morbide. Elle était très entourée, aimée. Elle avait un homme dans sa vie et une petite fille magnifique", avait ajouté Claude Pétin, en mentionnant ainsi Sarah Biasini, la fille de Romy Schneider et du journaliste franco-italien Daniel Biasini, qui avait 4 ans lorsque sa célèbre maman est morte.
Une fille qui a donc grandi sans sa mère et qui, à 43 ans, évoque pour la première fois son parcours familial atypique dans un ouvrage intime publié le 6 janvier 2021 et intitulé La Beauté du ciel (éd. Stock). Un livre dans lequel la comédienne raconte la naissance de sa propre fille Anna en 2018. Une maternité longtemps espérée et finalement arrivée après une douloureuse épreuve : la profanation de la tombe de Romy Schneider.