Un an après le déclenchement d'un retentissant scandale de violences sexuelles dans le monde du patinage artistique, l'ex-entraîneur Gilles Beyer a été mis en examen vendredi 8 janvier pour "agressions sexuelles" et "harcèlement sexuel" et placé sous contrôle judiciaire.
La patineuse multi-médaillée Sarah Abitbol avait accusé dans le livre Un si long silence (Plon), paru début 2020, son ex-entraîneur de viols et d'agressions sexuelles répétés, alors qu'elle avait entre 15 et 17 ans, au début des années 90. Elle n'avait toutefois pas porté plainte, au vu de la prescription des faits.
Dans une déclaration écrite à l'AFP, M. Beyer avait reconnu "des relations intimes" et "inappropriées" avec Sarah Abitbol, lui présentant des "excuses" aussitôt refusées par celle-ci.
Après ces révélations, le parquet de Paris avait ouvert début février une enquête préliminaire pour "viols et agressions sexuelles sur mineures par personne ayant autorité", visant notamment à vérifier l'existence d'autres victimes potentielles.
Chargée de l'enquête, la Brigade de protection des mineurs (BPM) a placé en garde à vue Gilles Beyer mercredi dernier. La garde à vue a été levée vendredi matin, une information judiciaire ouverte par le parquet de Paris et l'ancien entraîneur a finalement été mis en examen par un juge d'instruction pour "agressions sexuelles par personne ayant autorité et harcèlements sexuels par personne ayant autorité", puis placé sous contrôle judiciaire.
Contacté vendredi, son avocat, Me Thibault de Montbrial, n'a pas souhaité réagir.
Une source proche du dossier a indiqué à l'AFP que les accusations anciennes de plusieurs femmes, mineures au moments des faits supposés, étaient prescrites dont celles portées par Mme Abitbol. Selon cette même source, seules des accusations plus récentes, portées par six femmes majeures au moment des faits supposés, n'étaient pas prescrites et pouvaient faire l'objet de poursuites. Trois d'entre elles l'accusent d'agression sexuelle.
Même si cette mise en examen ne concerne pas Sarah Abitbol car dans son cas les faits sont prescrits, la patineuse a expliqué à l'Obs être "soulagée que la justice convoque Gilles Beyer. Enfin !".
"Je vois que les accusations retenues sont des "agressions" et du "harcèlement". Moi, j'ai subi des viols. Mais c'est regrettable, ces faits sont prescrits. Je sais qu'une autre patineuse a témoigné auprès de la police, avoir été violée par le même agresseur. Mais pour elle aussi, les faits sont prescrits", regrette toutefois Sarah Abitbol. "Je trouve injuste que nous ne puissions pas être sur le banc des victimes, face à la justice. J'espère que d'autres victimes, non prescrites, sortiront de leur silence. Cette affaire pose encore une fois la question de la prescription des crimes sexuels contre les mineurs. C'est mon combat aujourd'hui", souligne-t-elle encore.