De danseuse du calife à chanteuse de toute une civilisation : pour ses grands débuts au cinéma dans un premier rôle, dix ans après la comédie Iznogoud dans laquelle elle apparaissait au côté de Michaël Youn, Sofia Essaïdi se prépare à revisiter la vie et l'oeuvre d'Oum Kalsoum, idole du monde arabe, dans un biopic intitulé La Voix. Quarante ans après sa disparition, en février 2015, "l'Astre d'Orient", ainsi qu'était surnommée la chanteuse égyptienne, continue de rayonner... Sofia a révélé cet "énorme défi" et ses premières impressions au quotidien Le Parisien.
On ne peut pas passer à côté d'Oum Kalsoum.
Si elle admet d'emblée ressentir déjà "une vraie pression", soucieuse d'être à la hauteur de l'icône et "fidèle à la réelle image de l'artiste", Sofia Essaïdi, 30 ans, s'aventure dans cette épopée aux multiples facettes en bonne compagnie : elle retrouve en effet, derrière la caméra, la réalisatrice Guila Braoudé (Je veux tout), dont elle avait fait la connaissance en 2004 sur le tournage d'Iznogoud réalisé par son époux Patrick Braoudé. "On s'entend déjà bien", confie l'ex-staracadémicienne, qui sera épaulée à la rentrée par "deux coachs, l'un pour le jeu, l'autre vocal pour pouvoir être prête le premier jour du tournage". Ses talents de comédienne, elle en a déjà fait la convaincante démonstration dans les téléfilms Aïcha, filmée par Yamina Benguigui dans la peau d'une attachante banlieusarde (elle est également apparue au cinéma en 2014 dans Mea Culpa, de Fred Cavayé). Quant à ses talents de chanteuse, ils ne sont plus à prouver et s'épanouissaient dernièrement dans un somptueux court métrage, Sofia N Friends, que nous vous présentions en exclusivité sur Purepeople. Une vidéo dont elle se dit "fière", augure d'un prochain album avec sa nouvelle maison de disques Warner, dont "il y a déjà quelques titres enregistrés". Un "nouveau départ".
Fusionner chant et comédie, Sofia Essaïdi l'a déjà fait, pour Kamel Ouali, en incarnant Cléopâtre dans la comédie musicale que le chorégraphe a consacrée au mythe antique. Mais en l'occurrence, est-il envisageable qu'elle interprète elle-même du Oum Kalsoum, à la voix et à la technique opératique si particulières ? "Non ! Mais on va essayer, répond-elle en laissant de la place au suspense. Il y a peut-être des fois où je chanterai moi-même."
C'est grâce à Oum Kalsoum que ma mère a appris l'arabe.
Prête pour fournir un "gros travail", Sofia Essaïdi mise avant tout sur un important effort de documentation, tel qu'elle avait pu le fournir pour incarner la reine d'Egypte. "Quand on s'attaque à Oum Kalsoum, on est obligé de tout connaître sur le bout des doigts", remarque-t-elle respectueusement. Et de révéler que, malgré ses origines arabes (marocaine par son père), c'est notamment à sa mère Martine, française, qu'elle doit d'être déjà familière de l'univers de la plus grande diva qu'ait connue l'Egypte : "J'ai grandi au Maroc dans une famille très européanisée, parce que ma mère est française. Les chansons que j'écoutais étaient plus des chansons françaises qu'orientales. Mais malgré ça, on ne peut pas passer à côté d'Oum Kalsoum. Je connais bien certaines de ses chansons. Ma mère Martine m'a toujours raconté des histoires sur elle. C'est d'ailleurs grâce à Oum Kalsoum qu'elle a appris phonétiquement l'arabe, sauf que c'était de l'égyptien."
Désireuse de "faire découvrir cette icône au public français qui ne la connaît peut-être pas bien", Sofia Essaïdi servira également un enjeu plus profond, celui qui a inspiré à la productrice franco-algérienne Louisa Maurin l'idée de ce biopic : "Je voudrais que l'on regarde l'islam autrement, par le prisme d'une immense artiste, explique l'intéressée au Parisien. Oum Kalsoum était fille d'imam, musulmane pratiquante et féministe déterminée. Il y a ceux qui font du mal à l'islam et ceux qui font du bien. Oum fait évidemment partie de ceux qui font du bien. J'espère que ce film en fera aussi (...)."
Dans cette entreprise qui parcourra la vie de l'héroïne sur plusieurs décennies, et particulièrement dans son combat pour quitter le foyer et vivre de son art au Caire, Sofia Essaïdi sera rejointe par la grande Anouk Aimée, dans le rôle de la mère d'Oum Kalsoum, et Saïd Taghmaoui, dans celui de son frère. Le journaliste du Parisien Alain Grasset, qui révèle toutes ces informations, signale également que Franz-Olivier Giesbert, "grand fan" de la chanteuse disparue, jouera un petit rôle. Le tournage, prévu entre l'Egypte, la Tunisie et la France, débutera au mois de novembre.