Sous la seine si critiqué en France, pourquoi le phénomène Netflix aux 70 millions de visionnages cartonne-t-il à l'étranger ?

Stephen King adore. Le thriller français Sous la Seine de Xavier Gens, sorti sur Netflix le 5 juin dernier, n'en finit plus de faire parler de lui. A la surprise générale, le film porté par Bérénice Bejo et Anne Marivin réalise un carton, et se retrouve dans le Top 5 des films les plus vus de la plateforme à l'échelle mondiale. Ce samedi 22 juin 2024, il culmine à 70 millions de visionnages et plus de 120 millions d'heures cumulées. Un carton qui ravit les Britanniques et les Américains notamment, nombreux à applaudir la proposition française... Mais en France pourtant, les critiques fusent et Sous la Seine est très loin de faire l'unanimité. Pourquoi un tel décalage ? Le Parisien s'intéresse dans son numéro du samedi 22 juin 2024 à ce phénomène..

En effet, sur X, Stephen King a été l'un des premiers à féliciter le long métrage de Netflix. "Je pensais que Sous la seine serait un film farfelu, comme Sharknado, mais Twitter m'a convaincu de le regarder, et il est vraiment très bien. Les 25 dernières minutes ont été incroyables", a félicité l'écrivain américain auteur des chefs-d'oeuvre Ça et Shining. Le tabloïd UK The Guardian est tout aussi dithyrambique, et assure que le film proposé par Netflix est "l'un des meilleurs films de requins jamais réalisés". De quoi rivaliser avec l'iconique Dents de la mer ?

Un avis partagé outre-Atlantique, par le magazine Variety, qui a lui aussi adoré le film : "Enfin un film de requins digne de nager dans le sillage des Dents de la mer !" Mais alors, pourquoi les Français naviguent en sens inverse ? Les médias spécialisés français pointent du doigt une lourdeur dans les dialogues, et des effets spéciaux ratés ou de faible qualité. La cohérence du scénario est elle aussi critiquée. Les notes sur AlloCiné sont très faibles : le public français accorde un maigre 1,7/5, soit moins que la presse qui confère une moyenne globale de 2/5.

Pour le spécialiste cinéma Mathieu Jaborska, le décalage appréciatif entre les Britanniques et les Américains d'un côté et les Français de l'autre pourrait s'expliquer par la barrière de la langue. En effet, si les Français ont trouvé les dialogues lourdingues, les Anglo-saxons, eux, n'ont pas pu avoir pareille opinion, puisque ne parlant pas la langue de Molière.

Autre élément avancé : la Seine est un sujet anxiogène en France, source de divers conflits politiques depuis plusieurs mois. Le rôle de la maire de Paris d'Anne Hidalgo, attribué à Anne Marivin, peut agacer les Français, sans pour autant déranger les spectateurs du monde entier, qui méconnaissent l'édile parisienne tant critiquée. Il y a quelques jours justement, Olivier Marchal a annoncé qu'il ne tournerait plus dans Paris... à cause d'Anne Hidalgo ! Dans le même style, Philippe Lellouche a récemment annoncé avoir fui Paris, comme Stéphane Bern quelques années plus tôt...

Si les Français n'ont pas aimé, le monde entier, lui, s'arrache ce film, à tel point que Xavier Gens envisage d'ores et déjà une suite à donner à ce premier opus : "Pour l'instant, nous n'en sommes pas encore là, mais il est possible que nous en parlions bientôt. S'il y a une suite, elle se déroulera dans un Paris entièrement submergé par les eaux."

Dans Sous la Seine, Sophia, scientifique de renom, est alertée par une jeune activiste de la présence d'un grand requin dans la Seine. Problème : le fleuve doit accueillir les championnats du monde de triathlon dans les jours à venir. Les deux femmes font équipe avec Adil, commandant de la police fluviale, dans l'espoir d'éviter un bain de sang au coeur de la Seine.