France 4 diffusait en direct, lundi soir, la carte blanche à Stéphane Guillon que lui accordait le Montreux Comedy Festival. Entouré de fortes têtes comme Gaspard Proust ou Jean-Marie Bigard, l'humoriste a trouvé sur la chaîne une tribune idéale pour s'en prendre à ses anciens employeurs de Radio France - Jean-Luc Hees et Philippe Val - mais surtout Nicolas Sarkozy.
Lundi dans Le Parisien, Guillon expliquait qu'il était en train d'écrire un livre sur les dessous de son éviction : "Je vais raconter pourquoi il a été décidé au plus haut niveau de l'État de nous écarter [moi et Didier Porte, autre chroniqueur de France Inter renvoyé]. Je vais démontrer que Jean-Luc Hees [président du groupe Radio France] et Philippe Val [directeur de France Inter] ont répondu à une exigence politique." Depuis la loi de réforme de l'audiovisuel de mars 2009, Nicolas Sarkozy désigne les présidents de l'audiovisuel public, dont Hees... Et selon l'humoriste, c'est bien une volonté de Sarkozy que de casser France Inter.
D'ailleurs, cet été, Nicolas Sarkozy a nommé Rémy Pflimlin à la tête de France Télévisions. Aussi Guillon s'en est-il donné à coeur joie pour le titiller, se trouvant en direct sur sa chaîne. L'humoriste a lu une lettre imaginaire que Pflimlin lui aurait envoyée avant l'émission : "Je n'ai rien à voir avec les laquais de Radio France prêts à baisser leur pantalon à la moindre occasion". Le coup de grâce, toujours de la bouche du président de France Télévisions : "Pourriez-vous ouvrir votre spectacle avec une chanson de ma chanteuse préférée ?" Les premières notes de Quelqu'un m'a dit le premier tube de Carla Bruni retentissent alors, laissant entendre que Pflimlin est à la botte du président, comme les autres.
Ce gag en dit long sur les soupçons que porte Guillon à Sarkozy qui aurait forcément placé ses hommes (à Radio France et à France Télévisions) pour mieux contrôler les médias. Reste qu'il n'est pas le seul à penser ça, une centaine d'intellectuels avaient lancé, en juin, un appel dans Télérama pour dénoncer ce qu'ils appellent "le fait du prince" de Sarkozy, c'est-à-dire désigner et révoquer si besoin les dirigeants de l'audiovisuel public, mettant à mal l'indépendance de la presse.
Stéphane Guillon passe ensuite en mode "sale gosse", et comme son employeur (de Salut les Terriens sur C+), [people_restrictif=176]Thierry Ardisson[/people] l'avait fait sur le plateau du Grand journal, il a vraiment allumé une cigarette (Ardisson avait même fait croire qu'il s'agissait d'un joint), y ajoutant la dégustation d'un grand verre de vin et de la publicité, très explicitement, pour ses amis humoristes ! Le CSA ne devrait pas laisser passer une telle provocation. D'ailleurs le site du JDD.fr annonce que Rémy Pflimin a été convoqué "dare dare" ce matin, par le CSA !
Comme Guillon le souligne régulièrement, la polémique France Inter de cet été lui permet de remplir les salles comme jamais. Lundi soir, France 4 est arrivée en tête des chaînes de la TNT, avec plus d'1 million de téléspectateurs.
L'humoriste présentera son nouveau spectacle, Liberté surveillée, co-écrit avec sa compagne Muriel Cousin et Etienne de Balasy, au Théâtre Dejazet à Paris, à partir du 13 janvier.
A.D.