Dernier compagnon de Kristina Rady, François Saubadu est persuadé que l'époux de cette dernière, Bertrand Cantat, a une part de responsabilité considérable dans son suicide survenu le 10 janvier 2010. Avec l'aide de l'avocate Yaël Mellul, spécialisée dans les violences conjugales, Saubadu oeuvre pour faire rouvrir l'enquête sur cette tragédie. Selon les informations d'Europe 1, le parquet de Bordeaux a décidé d'un complément d'enquête. Une certitude, François Saubadu sera prochainement auditionné. A contrario de ce qu'Europe 1 annonçait hier, aucune enquête préliminaire n'a été ouverte. Ce n'est qu'à la suite de l'audition de François Saubadu et en fonction des éléments nouveaux qu'il apportera que la décision sera prise.
"Le procureur de la République de Bordeaux Marie-Madeleine Alliot a reçu, à leur demande et à titre de courtoisie, Me Yael Mellul, son avocate, et son client, la semaine dernière", a-t-on déclaré jeudi au parquet, selon l'AFP. Lors de ce premier entretien, le duo a évoqué l'existence de nouveaux éléments pouvant éclairer les circonstances du suicide de Kristina Rady. De fait, "le procureur a décidé de faire auditionner cet homme pour connaître quels pourraient être ces éléments nouveaux". Au terme de ce complément d'enquête, libre au parquet de poursuivre en ouvrant une enquête préliminaire.
À défaut d'être soutenu par les parents de Kristina Rady, qui se sont désolidarisés via un communiqué de leur conseil, François Saubadu et son avocate ont pour appuyer leur démarche cet enregistrement d'un long message déchirant de Kristina Rady laissé sur le répondeur de ses parents six mois avant sa mort. Elle y décrit les pressions exercées par Bertrand Cantat et son désir de fuir.
Cet été, Me Yaël Mellul expliquait que Kristina Rady pourrait avoir été victime de "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner" ou d'un "suicide forcé" par des "violences psychologiques". François Saubadu confiait en août à VSD : "Quand je l'ai rencontrée [en 2009, NLDR], j'ignorais qu'elle était la femme de Bertrand Cantat jusqu'au moment où elle m'a donné sa carte. [...] À partir de ce moment-là, Bertrand Cantat a commencé à me harceler. Il la suivait partout. [...] Moi j'ai voulu faire front. Mais on avait affaire à un grand manipulateur, capable d'accès de violence et doté d'une force inouïe." Saubadu, qui exerce comme agent artistique, racontait que Kristina Rady lui a confié avoir "été séquestrée" par Cantat et qu'il lui aurait également fait "du chantage au suicide avec un grand couteau de cuisine". "Plusieurs fois, elle a dû planquer les gosses [Alice et Milo, nés de son mariage avec le chanteur, NDLR] chez des voisins." Deux jeunes ados qui, aujourd'hui, souffrent.
Dans un communiqué, Me Aurélien Hamelle, l'avocat de Bertrand Cantat, rappelle que l'enquête menée en 2010 avait conclu "à l'absence de toute responsabilité dans son suicide". "La justice devrait maintenant contribuer à l'apaisement et non pas céder à la pression exercée par des personnes qui ne savent rien, n'ont aucune légitimité et qui méprisent l'intérêt de Bertrand Cantat et des deux enfants qu'il a eus avec Kristina Rady", a-t-il déclaré à l'AFP. Il se dit certain que si enquête il devait y avoir, elle conduirait "à exclure toute responsabilité de Bertrand Cantat".