A 51 ans, Tatiana de Rosnay est l'auteur français le plus lu en Europe et aux États-Unis. Écrivain prestigieux issu d'une famille tout aussi illustre, la Française dépoussière l'image que l'on peut se faire des hommes et femmes de lettres. Avec un grand-père peintre, Gaëtan de Rosnay, un père scientifique distingué à plusieurs reprises pour ses recherches et ouvrages, Joël, et un oncle aventurier, Arnaud, Tatiana de Rosnay a baigné dans un milieu où l'art et la curiosité sont rois. Portrait de l'écrivain à travers son dernier roman.
Après avoir exercé dans les années 1980 en tant que journaliste pour Elle et critique littéraire pour Psychologies Magazine, Tatiana de Rosnay se lance finalement dans l'écriture et peut se targuer aujourd'hui d'avoir rédigé douze livres depuis vingt ans.
Dans A l'encre russe, son dernier ouvrage, elle s'inspire comme jamais de son propre vécu. Le livre a d'ailleurs vu le jour à la suite d'une mésaventure particulière qu'elle a évoquée dans Metro : "Il y a trois ans, j'ai renouvelé mon passeport. A cause d'une nouvelle loi humiliante, j'ai été obligée de prouver ma nationalité car mon père, français, est né à l'île Maurice, et ma mère franco-anglaise, est née à Rome. L'idée de cette oeuvre a germé alors que je regardais les actes de naissance de mes parents et de mes grands-parents." Dans sa nouvelle fiction, Nicolas Kolt, son personnage, découvre, également dans le cadre d'un renouvellement de passeport, la véritable identité de son père, mort en mer. Une figure paternelle inspirée de son oncle tant admiré, Arnaud de Rosnay. Aventurier, photographe et véliplanchiste de renom, ce dernier est mort en mer lors de sa traversée du détroit de Formose en 1984 alors que Tatiana de Rosnay n'avait que 10 ans. "Aujourd'hui, je n'arrive toujours pas à dire 'Arnaud est mort'. Je n'ai jamais réussi à faire le deuil de cet oncle que j'adorais. Quand il n'y a pas de corps, pas de tombe, non c'est impossible !", a-t-elle confié récemment à Gala.
De cet oncle, aujourd'hui objet de son inspiration, elle retiendra la joie de vivre et la témérité. Un modèle qui est certainement à l'origine du caractère bien trempé, voire rock'n'roll, de Tatiana de Rosnay. Celle qui a déclaré à Madame Figaro être "capable de boire du champagne au petit déjeuner" ou encore écouter le remix Barbra Streisand de Duck Sauce quand elle a le cafard, se souvient : "Je revois encore Arnaud, le pacha de la maison, entouré d'une cour de jeunes filles béates d'admiration."
Dans la famille Rosnay, le passé et le présent se mêlent inlassablement. Ainsi, la fille de Tatiana, Charlotte, avec qui l'auteur avoue, toujours dans Gala, "avoir des engueulades terribles 'à la russe' avec des portes qui claquent", étudie la photo. Un choix influencé certainement par ce même oncle, dont c'était l'une des passions et qui en avait fait un son métier. Sa mère confesse : "Elle s'intéresse beaucoup aux photos d'Arnaud. Je suis sûre qu'un jour, elle aussi se fera un prénom..." Une Rosnay de plus touchée par la grâce ne serait après tout pas si surprenant.
L'auteure du best-sellers Elle s'appelait Sarah, adapté au cinéma avec Kristin Scott Thomas, qui s'inspire tant de son vécu et de son entourage, va pour son prochain roman écrire une biographie et raconter la vie d'une autre. Une nouvelle expérience qui ne sera certainement pas moins enrichissante.