L'enquête préliminaire est bouclée. Le dossier est entre les mains du parquet. En attendant sa décision, Tristane Banon, qui s'est beaucoup exprimée dans les médias depuis le retour de Dominique Strauss-Kahn en France, publie demain jeudi un livre intitulé Le Bal des hypocrites.
Marion Mazauri, fondatrice des éditions Au Diable Vauvert, précise que Tristane Banon n'a rien touché pour son livre : "Je lui ai proposé de signer sans à-valoir", explique-t-elle à L'Express.fr. "Elle n'a aucun revenu depuis six mois. On n'est pas dans une affaire d'argent, mais de survie (...) Elle a toujours dit que tous les gains de ses procès iraient à des associations féministes. Quant aux droits d'auteur, chacun les utilise comme il veut. Ce qui est sûr, c'est qu'elle n'est pas animée par le mercantilisme. Et elle a à coeur d'aider les associations qui ont été son soutien unique pendant des mois." Le livre a été tiré à 40 000 exemplaires après une réimpression de 10 000 devant la demande.
Dans ce livre de 128 pages, la jeune femme de 32 ans, qui accuse Dominique Strauss-Kahn d'avoir tenté de la violer le 11 février 2003, raconte son "affaire DSK". Dans ce récit, aucun nom n'apparaît (à l'exception du prénom de son avocat David Koubbi et de son chien Flaubert), surtout pas celui de celui qu'elle accuse : selon une source proche de l'éditeur, elle parle du "cochon" et de "l'homme babouin". On y reconnaît cependant les principaux protagonistes.
Tristane Banon ne revient pas sur les faits qu'elle dénonce et qu'elle a maintenus, le 29 septembre dans les locaux de la BRDP à Paris, lors de sa confrontation avec Dominique Strauss-Kahn. Elle traite du tourbillon médiatique qui a entouré cette affaire : "On me propose beaucoup d'argent pour aller sur un plateau de télévision américain annoncer que je porte plainte. Je dis à David [Koubbi, son avocat, ndr] de tous les envoyer se faire voir", écrit-elle dans un passage publié par BFM TV.
Son éditeur annonce un texte littéraire, "une magnifique écriture de femme blessée, une sincérité totale pour ce bouleversant 'J'accuse'. Avec une dignité et une sincérité qui forcent l'admiration, elle raconte ici ces six semaines au cours desquelles sa vie a basculé."
Sur la couverture de ce Bal des hypocrites, un bandeau rouge rappelle l'article 222-27 du code pénal : "Les agressions sexuelles autres que le viol sont punies de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende." Au procureur d'en décider. En France, il a le choix entre deux options : considérer que c'est une "tentative d'agression sexuelle", dans ce cas, les faits sont prescrits, ou confier le dossier à un juge d'instruction en ouvrant une information judiciaire pour "tentative de viol". Si le dossier est classé sans suite, Tristane Banon a annoncé qu'elle se constituera partie civile, donc un juge d'instruction sera nommé. En attendant, Dominque Strauss-Kahn est présumé innocent des faits dont la jeune femme l'accuse et ce jusqu'au jugement définitif de cette affaire... épineuse.
Dimanche, Dominique Strauss-Kahn est allé voter tout sourire pour Martine Aubry à Sarcelles.
Tristane Banon, Le Bal des hypocrites, aux éditions au Diable Vauvert, 128 pages.