Révélée à seulement 13 ans dans La Boum, Sophie Marceau est devenue une star avec le rôle de la jeune Vic qui connaît ses premiers émois amoureux. Une génération entière s'est identifiée à cette brune d'une fraîcheur et d'une spontanéité inégalées. La comédienne que l'on voit grandir film après film depuis maintenant 35 ans jouit d'une popularité et d'une aura exceptionnelles, en France comme à l'étranger. Habituée aux polémiques, elle préfère en rire que les entretenir. Bingo : le public, fidèle, fait de même et préfère célébrer l'actrice, quels que soient les ragots du moment. Sophie Marceau, éternelle et intouchable ? Aujourd'hui, c'est TF1 qui l'espère, en rêvant de belles audiences. La première chaîne diffuse en effet ce soir, pour la première fois en clair, la comédie Un bonheur n'arrive jamais seul qu'elle a tournée en 2011 avec Gad Elmaleh sous la direction de James Huth.
Sophie Marceau fait un sans-faute au début de sa carrière. Star de La Boum en 1980, elle reprend le rôle de Vic pour La Boum 2 en 1982 qui lui vaut un César du meilleur espoir féminin. Forte de cette récompense et de deux cartons en salles avec quatre millions de spectateurs pour chaque film (et des dizaines de millions de téléspectateurs avec les multiples diffusions télévisées), celle qui n'était qu'une actrice ado voit les propositions se multiplier. En 1983, elle fait de bons choix en interprétant le flirt de Jean-Paul Belmondo dans la comédie burlesque Joyeuses Pâques et en s'illustrant aux côtés de Gérard Depardieu, Philippe Noiret et Catherine Deneuve dans le drame de guerre Fort Saganne. L'année suivante, à tout juste 17 ans, elle est repérée par Andrzej Zulawski pour jouer une prostituée aux côtés de Francis Huster et Tchéky Karyo dans L'Amour Braque. Tombée sous le charme du réalisateur de 26 ans son aîné, qui deviendra par la suite son mari, elle s'endette et paye 1 million de francs pour rompre son contrat avec la Gaumont et pouvoir tourner ce rôle sulfureux qui surprend le public.
Sophie Marceau et son premier mari Andrzej Zulawski à Cannes en 1985.
Elle a ensuite l'honneur de tourner pour Maurice Pialat, dans le film Police, mais le tournage se passe dans une ambiance catastrophique. Le cinéaste veut déstabiliser la jeune actrice afin qu'elle offre le meilleur de son jeu, ce qu'elle fait, mais a également le sentiment de payer les vives tensions qu'il y a entre le réalisateur et tous les autres acteurs. Pialat la pousse à bout pour qu'elle pleure réellement pour la scène de l'interrogatoire tandis que Depardieu lui infligera de vraies claques lors d'une séquence. Résultat : alors que le film s'apprête à être projeté au Festival de Venise, Sophie Marceau déclare refuser d'assurer sa promotion et fait pour la première fois polémique. Le réalisateur et Gérard Depardieu (qu'elle déteste depuis) l'injurient publiquement, l'actrice serrera les dents et ne répondra que plus tard, une fois l'affaire calmée. Comme un pied de nez au passé, elle retrouve Claude Brasseur, son père dans La Boum, en 86 pour jouer sa très jeune femme dans Descente aux enfers où elle apparaît nue, ce qui là aussi lui vaudra quelques quolibets. Elle termine les années 80 avec encore deux succès, Chouans ! et surtout L'Etudiante, par le réalisateur de La Boum, qui sonne comme une suite au film qui a révélé Sophie Marceau.
Le début des années 90 est plus compliqué pour elle. Toujours très populaire auprès du public, le cinéma français la délaisse car le milieu des producteurs et réalisateurs lui prête un mauvais caractère. Qu'importe, là aussi : elle comble ses fans en jouant devant les caméras de son époux et pour Alexandre Jardin (Fanfan), elle profite de son image de french girl à l'international pour partir à l'aventure sur des tournages à l'étranger avec Braveheart de Mel Gibson et Par-delà les nuages de Michelangelo Antonioni et Wim Wenders, sortis tous deux en 1995. Elle retrouve le cinéma français en 1996 pour tourner Marquise, de Vera Belmont. Mais son franc-parler fait éclater une nouvelle polémique. À quelques jours de la sortie du film, le naturel revient au galop et Sophie Marceau confirme la rumeur qui bruissait : elle déclare au Parisien et à Télérama que le tournage du film a été "un enfer" et qu'elle ne "tient pas à défendre le film", tandis que la réalisatrice du long métrage fait porter l'entière responsabilité des difficultés à son actrice. Encore une fois, Sophie Marceau préfère esquiver les critiques et repart à l'étranger pour tourner quatre nouveaux films, dont le rôle qui l'imposera pour de bon à l'international : celui d'une dangereuse et magnétique James Bond girl dans Le monde ne suffit pas avec Pierce Brosnan en 1999. Mais la même année, elle est huée au Festival de Cannes pour son discours confus lors de la remise de la Palme d'or. Plutôt que de parader sur la croisette, la star avait passé la journée auprès d'enfants handicapés et avait voulu leur rendre hommage au cours de la cérémonie, ce qui sembla déplacé à la profession (une nouvelle fois) mais pas au public.
Sur le tournage du Monde ne suffit pas, elle rencontre Jim Lemley, producteur et futur père de son deuxième enfant, Juliette. Une relation qui mettra fin à dix-huit ans de mariage avec Andrzej Zulawski, retourné habiter en Pologne, et dont elle dévoilera les travers (lassitude conjugale, agressivité, violences verbales...) dans une première réalisation, Parlez-moi d'amour, sorti en 2002, qui montre une facette méconnue de sa personnalité. L'actrice se fait plus rare au cinéma, se recentre sur ses enfants, se préserve. C'est une nouvelle polémique qui la ramènera sur le devant de la scène : le fameux "bretelle-gate" sur le tapis rouge de Cannes en 2005.
La vidéo de son sein dévoilé par mégarde une seule seconde fait le tour du monde entier et sa réaction surprend autant qu'elle ravit : alors que beaucoup auraient été rouges de honte ou en colère, Sophie Marceau éclate de rire et affiche une délicieuse confusion. Il faut dire que la star à l'habitude que sa poitrine fasse tourner des têtes : Julien Clerc et Alain Souchon leurs avaient tous deux consacrés une chanson ! La même année, le film Anthony Zimmer signe son retour dans les salles obscures. Le film ne cartonne pas au box-office mais sa performance de femme sombre et mystérieuse séduit.
En 2007, elle signe un second film, La Disparue de Deauville, où elle se met en scène en actrice mystérieuse aux côtés de Christophe Lambert, qui embarque pour un voyage au bord de la folie en enquêtant sur sa disparition. Les deux comédiens tombent amoureux (jusqu'en 2014 où ils se séparent), ce qui ne manque pas de surprendre et de ravir.
Elle paraît plus rayonnante et libérée que jamais. Elle est égérie pour de nombreuses marques en Asie (où elle jouit d'une incroyable popularité qui lui a permis de chanter en direct devant des centaines de millions de chinois) et renoue avec le succès avec deux comédies irrésistibles qui cartonnent en 2009 : De l'autre côté du lit, où elle forme un duo inattendu avec Dany Boon, et LOL, film sur l'adolescence qui sonne comme une parfaite transcription de La Boum de nos jours. Les polémiques sont loin et l'actrice est moins la cible des attaques et s'épanouit dans des rôles qui lui ressemblent, en femme blessée dans Arrêtez-moi en 2013, en amoureuse dans Un bonheur n'arrive jamais seul avec Gad Elmaleh et dans Une rencontre où elle joue une écrivain séduite par François Cluzet. Comme un dernier pied de nez aux ragots sur son image sulfureuse, elle joue, en 2014, une accro au sexe éprise d'un Patrick Bruel sexologue dans le drolissime Tu veux ou tu veux pas. Toujours maîtresse de son destin, Sophie Marceau n'a jamais reculé devant les critiques et semble, à 48 ans, partie pour nous combler encore longtemps.