L'affaire a pris un tournant inattendu et pour le moins inquiétant. Lors d'un débat sur le rappeur controversé Freeze Corleone dans Touche pas à mon poste au mois de septembre, Valérie Bénaïm n'avait pas mâché ses mots pour dénoncer ses propos très blessants. "Les textes de ce garçon me touchent au coeur, parce que je suis de religion juive. Il parle de ma communauté et de l'humanité. (...) Je vais lui dire dans les yeux : 'Tu n'es qu'une merde.' (...) Si j'écoute mon coeur, j'ai qu'une envie, c'est de censurer ce type et de lui dire 'cache-toi parce que j'ai qu'une envie, c'est de te défoncer'", avait-elle notamment lâché.
Après quoi, la chroniqueuse est devenue la cible de plusieurs internautes. L'un d'entre eux s'est même mis à la harceler et à l'insulter avant de se déplacer jusqu'au studio de tournage de Touche pas à mon poste pour "en découdre avec les juifs". Arrêté puis placé en garde à vue, il faisait depuis l'objet d'une enquête. Mardi 29 décembre 2020, l'homme a été condamné à deux mois de prison avec sursis par le tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine) pour "menaces réitérées de crime ou de délit contre les personnes à raison de sa religion".
Répondant au nom de Samir E, il serait âgé de 33 ans et souffrirait d'un handicap mental. Lors de son procès, il a reconnu des propos "un peu déplacés", toutefois il se défend de s'être rendu dans les studios de la chaîne du groupe Canal dans le but de faire du mal à Valérie Bénaïm, qu'il a déclaré "ne pas connaître". Il nie aussi être l'auteur d'insultes et de menaces à l'encontre de l'animatrice sur les réseaux sociaux, assurant ne pas avoir de comptes et surtout, ne pas "savoir écrire". D'après le prévenu, qui rappelle être considéré "comme un Cotorep" (Commission technique d'orientation et de reclassement professionnel, structure visant à aider à la réinsertion des personnes handicapées, ndlr) en raison de ses "problèmes psychologiques", il s'agirait donc là d'un "malentendu".
Mais Estelle Colin, la procureure en charge de l'affaire, n'a pas été convaincue. Elle avait requis une peine de quatre mois de prison avec sursis pour ses actes qu'elle juge être de "l'antisémitisme du quotidien". Selon elle, il "savait très bien ce qu'il faisait".
À noter par ailleurs que le parquet de Paris a ouvert une enquête "pour provocation à la haine raciale" visant Freeze Corleone.