Un héros si discret.
Grand artisan de la nette victoire de l'équipe de France de handball en finale de "son" Mondial le 29 janvier 2017, Vincent Gérard avait le triomphe modeste à l'issue du match contre la Norvège, où ses onze arrêts (sur 27, 41% de réussite) ont pesé lourd dans la balance : "Il y a seize héros, ce soir, disait-il ainsi au micro de TF1, les yeux moites de fatigue et de bonheur. On s'est battus comme des lions, depuis le lendemain de Noël on s'est entraîné sans relâche, ce soir c'est la réussite de tous les efforts auxquels on a pu consentir, même depuis la préparation des Jeux l'été dernier. L'émotion est indescriptible, gagner ici en France devant nos familles, nos amis... Y a pas de mots pour qualifier ça."
Relève providentielle d'un Thierry Omeyer en-deçà de son rendement habituel en demi-finale et titulaire pour la finale, le Lorrain qui garde habituellement la cage du club de Montpellier dans le championnat de France a explosé aux yeux du grand public mais n'en reste pas moins, à 30 ans, un garçon aussi réservé en dehors du jeu qu'électrique dedans. À l'AccorHotels Arena, où tout le clan Karabatic était scruté par les médias (de Géraldine et Alek, compagne et fils de Nikola, à Jeny Priez et Luka, blessé en début de compétition mais médaillé à son terme), le sien est resté dans l'ombre. Et tandis que Titi se réjouissait en famille sur les réseaux sociaux et que Daniel Narcisse partageait son émotion avec ses enfants sur le plateau de la première chaîne d'Europe, Vincent Gérard vivait très discrètement de tendres instants avec son fils Gabriel, qui aura 4 ans cette année, et sa petite soeur, une mignonne blondinette.
Avec elle, ça marche très bien
Avec ses performances éclatantes et ses lauriers de meilleur gardien du Mondial, Vincent Gérard ne pouvait décemment pas refuser, après un passage gratifiant par l'Élysée, de se prêter à l'interview "petits papiers" de L'Équipe – une séquence à retrouver en vidéo sur le site du quotidien sportif. Tirant des questions au hasard, le handballeur, en costard, s'est ainsi exprimé sur des thèmes aussi variés que l'évolution de la tenue des gardiens, le job qui aurait dû être le sien (prof d'EPS) s'il n'avait pas été joueur professionnel, son admiration pour son père ("on allait le voir jouer avec mon petit frère ; en Lorraine, à l'époque, on avait un style de jeu plutôt viril")... et la femme qui partage sa vie. "Je suis avec la même personne depuis treize ans, et avec elle ça marche très bien", répond-il pudiquement à la question "Gardien de hand, ça marche avec les filles ?" Idem concernant l'ultime question de la pastille, portant sur "ce qui s'est passé d'inavouable la nuit d'avant" : "J'ai dormi avec une femme, mais c'était la mienne", réplique-t-il tout aussi élégamment.
De sa compagne, on ne sait quasiment rien et le sportif de haut niveau semble cultiver son jardin secret. En 2014, on apprenait toutefois d'une interview accordée à La Voix du Nord que madame a contribué à tempérer le caractère bouillonnant des jeunes années de Vincent : "Avec mon petit frère (Yvan), quand mon père nous emmenait à ses entraînements, on sortait les tapis et on faisait des duels en tout, en rugby, en basket, en hand, racontait-il à nos confrères. On s'est construit dans ce rapport de forces. Ça finissait souvent en larmes, on ne savait pas s'arrêter. Je pense plutôt être un modèle hors du terrain mais dessus, je fais des trucs... Quand je vois ce que je faisais à 16 ans, à Metz, je me mettrais des beignes ! À Istres aussi, quand je cherchais ma place en tant que gardien de D1, j'en ai usé, abusé. Mais j'ai évolué, y compris sur le côté chambreur. Ma femme m'a dit : 'Mais quand ton fils [Gabriel, qui n'avait à l'époque pas encore 1 an] sera en âge de comprendre, tu vas continuer ?' Ce que les gens ne comprennent pas, c'est qu'après les matchs, c'est fini et je ne pense plus qu'à boire un coup... J'essaie de moins partir en saucisse, d'utiliser cette énergie à bon escient."
À l'abri des regards, on souhaite encore beaucoup de bonheurs à la famille de Vincent Gérard !
GJ