L'OM refait les gros titres de la rubrique judiciaire. Ce matin, Vincent Labrune, le président actuel, ses prédécesseurs Pape Diouf et Jean-Claude Dassier, ainsi que Philippe Perez, directeur général, ont été placés en garde à vue. Pas moins de quatre dirigeants d'hier et d'aujourd'hui que l'on soupçonne notamment d'irrégularités dans certains transferts - en particulier celui d'André-Pierre Gignac en 2010 - qui pourraient avoir un lien avec le grand banditisme...
Transferts et rétro-commissions
L'information a fait l'effet d'une bombe sur la Canebière. Ce matin, i-Télé révèle que Vincent Labrune, président de l'OM, et Philippe Perez, directeur général, ont été interpellés à leur domicile de Marseille et de Saint-Rémy-de-Provence. Pendant que le boss actuel du club est interrogé à l'Évêché, le commissariat central de Marseille, son prédécesseur (2009-2011) Jean-Claude Dassier est lui aussi interpellé pour être entendu au parquet financier de Nanterre. La raison ? Une "affaire financière de grande ampleur" visant les transferts de joueurs effectués depuis dix ans.
Car pour comprendre ce qu'il se passe aujourd'hui à l'OM, il faut remonter à 2011. Une information judiciaire est d'abord ouverte pour "extorsion de fonds, association de malfaiteurs et blanchiment". Deux ans plus tard, une perquisition a lieu au centre d'entraînement du club pour saisir des ordinateurs et des documents appartenant à l'état-major de l'OM dont font déjà partie Vincent Labrune - alors président du conseil de Surveillance - et Philippe Perez ainsi que José Anigo. À l'époque, c'est déjà le transfert d'André-Pierre Gignac - officiellement pour un montant de 18 millions d'euros - qui est dans le viseur ainsi que celui de Souleymane Diawara, en provenance de Bordeaux. Y a-t-il eu versement de rétro-commissions ?
L'ombre du grand banditisme corse
C'est la question qui se pose encore aujourd'hui. Pour ce faire, la justice a donc interpellé une dizaine de personnes au total - Pape Diouf est quant à lui entendu à la PJ de Marseille selon RTL - et le domicile de José Anigo, ancien directeur sportif aujourd'hui recruteur en Afrique, depuis le meutre tragique de son fils, a été perquisitionné dans la journée avant qu'il soit entendu. Celui qui a toujours été soupçonné d'entretenir des relations troubles avec le Milieu marseillais se trouve en effet actuellement au Maroc. Avec ce coup de filet, la justice espère donc savoir s'il y a eu des rétro-commissions mais surtout faire la lumière sur des éventuels liens entre le club et le grand banditisme corse.
Premier agent d'André-Pierre Gignac, Christophe d'Amico pourrait être cette "passerelle" entre les deux parties. "Il sert de passerelle entre des individus connus du banditisme corso-marseillais et le monde du football, on le retrouve de près ou de loin sur les transferts de plusieurs joueurs pour les clubs de Bastia, d'Evian Thonon Gaillard et de l'OM", expliquait au Parisien une source proche du dossier, début 2013.
MLD monte au créneau
Malgré ce parfum de scandale régnant sur la Canebière, l'actionnaire du club, Margarita Louis-Dreyfus, a vite réagi pour calmer le jeu. "Elle a réitéré aujourd'hui sa détermination pour que l'Olympique de Marseille soit géré dans le respect des règles professionnelles et éthiques et a exprimé sa pleine confiance dans l'actuelle équipe dirigeante ainsi que dans le système judiciaire français", peut-on lire sur un communiqué publié par le club.
En attendant, l'affaire provoque un véritable coup de tonnerre sur le foot français. D'autant qu'aujourd'hui, une autre affaire de matchs truqués en Ligue 2 vient également d'éclater. Et fait encore plus tâche puisque la France affronte ce soir la Suède avec... André-Pierre Gignac titulaire. Le tout au Vélodrome, l'enceinte de l'OM.