Sa décision en avait surpris plus d'un. Yannick Agnel, jeune double champion olympique à Londres l'été dernier, décidait de tout plaquer pour rejoindre les États-Unis et Bob Bowman, le mentor de Michael Phelps, l'homme aux 22 médailles olympiques. Une décision incompréhensible pour son coach Fabrice Pellerin, sur laquelle le jeune homme de 21 ans revient dans les colonnes de L'Équipe.
De passage à Paris avant les mondiaux de Barcelone, Yannick Agnel s'est livré ce mardi 16 juillet à un petit marathon médiatique. Entre quelques longueurs dans le bassin du Paris Country Club et un entretien au 20h de TF1, le Nîmois a pris le temps de répondre aux questions du quotidien sportif. A l'image de Laure Manaudou avant lui, Yannick Agnel a donc choisi l'exil américain, qui semble lui convenir à merveille : "J'ai un petit appartement que je loue juste à côté de la piscine. Je peux me lever le plus tard possible pour aller à pied à l'entraînement, un peu comme à Nice." Ses charges de travail ? "Les horaires sont à peu près les mêmes, 7-9 heures le matin, l'après-midi entre 2 et 5 heures, avec parfois de la musculation", poursuit-il.
En dehors des bassins, sa vie s'approche d'une vie d'ascète. "Ça dépend de la période, explique-t-il, de la difficulté de l'entraînement aussi parce qu'aller voir un match de base-ball, je peux pas me le permettre tous les soirs." Une sortie de temps en temps, entre restaurant et cinéma, c'est tout ce que Yannick Agnel se permet, lui qui a été parfaitement intégré au squad de Bob Bowman : "Je maîtrise pas mal l'anglais, je pense que ça a joué un peu. Je me fais toujours un peu railler pour l'accent, mais ça, je pense que je vais en avoir pour quelques années !"
Yannick Agnel a également commenté, une nouvelle fois, son départ de Nice, que certains ont jugée hâtive, sans réelle réflexion. Ce que dément le jeune prodige : "Il n'y a pas eu de déclencheur, c'est venu petit à petit, comme une accumulation. Mais en novembre-décembre, je me suis dit, il y a peut-être quelques chose à modifier dans la manière de s'entraîner ou même carrément changer d'environnement."
Alors comment en est-il arrivé là ? "J'ai beaucoup consulté ma famille, mes parents, mon frère, mes grands-parents, confie-t-il. J'ai eu plusieurs sons de cloche, c'était très riche. Finalement, j'ai tranché et je suis sûr que c'était la bonne décision." On se souvient alors des mots durs qu'il avait tenus à l'endroit de son coach Fabrice Pellerin. "Manque de partage, de chaleur, de sincérité"... "Je n'ai pas pour habitude d'être langue de bois, répond fermement Yannick Agnel. Je pense que mes mots étaient bien choisis et je ne veux pas revenir là-dessus. Ça ne sert à rien de ressasser. Ce qui a été dit a été dit, des deux côtés. Je crois que maintenant, et notamment quand on va être amenés à se revoir, dès cette semaine à Dijon, on va être chacun concentrés sur nos objectifs et ça sera bien comme ça."
Une drôle de conclusion pour Yannick Agnel, qui reconnaît n'avoir aucun contact depuis son départ avec Fabrice Pellerin, celui qui avait fait de lui un triple médaillé olympique à Londres (200, 4x100 et 4x200 m en 2012)...