C'est le meilleur rappeur du moment. Voilà ce que l'on entendait. Le monde du rap s'enthousiasmait à l'approche de la sortie du premier album de Yelawolf, nouveau rappeur venu d'Alabama, complétement décalé, incroyablement brillant. Un mélange de terroir américain, avec un flow hors du commun. Signé sur le label d'Eminem, Shady Records, qui a eu un sacré nez, Yelawolf a enchaîné les tubes ahurissants, laissant loin derrière lui ses concurrents qui ne l'avaient pas vu venir. Et puis l'album est sorti, Radioactive. Le 21 novembre dernier.
Il s'est évidemment vendu comme des petits pains, faisant passer son créateur du statut de débutant à celui de star. Mais l'opus a pour autant un peu déçu ceux qui attendaient de prendre une claque. Lisse, commercial, un peu trop réfléchi pour le grand public. Un choix que lui reprochent les aficionados mais que son banquier a dû louer.
Sur cet album que produit en partie le batteur Travis Barker, figurent un trio époustouflant avec son "mentor" Eminem et Gangsta Boo, le brillant Hard White (Up in the Club) avec Lil Jon. Pas de trace en revanche du subjuguant No Hands, qui habille la bande originale du jeu vidéo Driver San Francisco.
Let's Roll vient d'être clippé. Kid Rock, l'ex de Pamela Anderson, qui est un rockeur respecté de 40 ans et qui s'est essayé au rap, y apparaît au côté du fougueux Yelawolf, 32 ans. Il assure le refrain de ce morceau efficace. Les textes de Yelawolf sont introspectifs, un accent country est également très perceptible dans ce son qui fait l'apologie de la région d'origine du rappeur : l'Alabama. En hommage, donc, des décors boueux au début, avant que Yelawolf, tranquillement installé dans une décapotable, entouré de Kid Rock et Kool Herc (fondateur du hip-hop), rejoigne le Bronx.
Sa vie d'homme du sud, Yelawolf veut la faire partager à son public, plus habitué à écouter des rappeurs de New York, de Los Angeles ou à la rigueur d'Atlanta, des grandes villes en somme : "Yeah, maintenant, laissez-moi vous souhaiter la bienvenue dans ma petite ville. Les gros camions dans la cour, des grosses cornes sur les murs et les gens du coin tout autour, voilà comment j'ai été élevé."
Teintée d'argot d'Alabama (son fameux "Bama Slanguage"), Yelawolf impose une identité qui lui est propre et que le monde du rap va devoir accepter. Il est la relève du hip-hop, son talent est indéniable. De son vrai nom Michael Wayne Atha, Yelawolf est actuellement en tournée mondiale, il est récemment passé par le Zénith de Paris en première partie de Wiz Khalifa, le 15 novembre 2011.
Souvent comparé à Eminem par les incultes du fait de leur couleur de peau, Yelawolf n'a pourtant rien à voir avec celui qui l'a pris sous son aile. Eminem lui disait d'ailleurs lors d'une rencontre filmée : "Ce sont ceux qui ne te connaissent pas qui te comparent à moi. Non seulement nous avons chacun notre monde bien à nous, mais tu chantes comme jamais j'ai chanté."
A noter que Kid Rock, quant à lui, vient de se voir reprocher d'avoir fumé dans un bar lors d'un concert à Detroit vendredi 13 janvier, dans un espace non-fumeur. Il pourrait subir les attaques d'un homme asthmatique de 58 ans qui était dans le public. Il s'est excusé en expliquant qu'il était ivre : "Mes excuses les plus sincères aux patrons que je peux avoir offensés, et un doigt du milieu à tous les haineux et les avocats qui vont en quelque sorte essayer de trouver de l'argent facile grâce à tout cela. Je ne pense pas être le premier à avoir jamais pris une mauvaise décision en étant ivre."Let's Roll, feat Kid Rock, à découvrir d'urgence, tout comme l'oeuvre de Yelawolf et son début de carrière.
Nicolas Derrstroff