Avril 2010, la France et le monde découvrent un scandale de sollicitation de prostituée mineure, impliquant plusieurs footballeurs - l'affaire a été classée en 2011 -. Sept ans plus tard, Zahia Dehar reste une énigme, aussi bien pour les médias que le grand public.
La jeune femme la résout elle même, soutenue par Marilou Berry, dans les pages d'un magazine de mode. Elle y raconte sa vie d'escort girl, entamée à l'âge de 15 ans, et répond à la question : "C'est qui la pute ?".
"'C'est qui la pute ?', c'est aussi vouloir chercher le coupable, et je pense pas que ce soit la pute la coupable", déclare Zahia Dehar à Antidote. La star de 25 ans pose en couverture du numéro d'automne-hiver 2017-2018 de la publication française. Photographiée par Yann Weber et interviewée par l'actrice Marilou Berry - avec qui elle aurait des projets portant sur le thème de la prostitution -, Zahia décrit en détails son activité d'escort girl et les coulisses du scandale qui l'a rendu célèbre.
Tout commence à son arrivée en France, à l'âge de 10 ans.
J'étais jeune et je voulais avoir des relations sexuelles. Je ne voulais pas rester vierge. Et puis je me suis dit : j'ai quoi comme possibilités ?
"Je suis arrivée (...) avec ma mère et mon petit frère. Elle avait divorcé de mon père... On avait beaucoup de problèmes familiaux, on n'avait pas de maison, on ne savait pas où on allait vivre. J'avais déjà du retard parce que je ne parlais pas français et je changeais d'école tout le temps. Une fois qu'on a eu une situation plus stable, je n'arrivais plus à suivre, je ne pouvais pas rattraper le niveau... Et tous mes rêves, tout ce que je voulais faire depuis toute petite, je savais que ça n'allait plus être possible. Il fallait que je trouve une autre solution", révèle la bombe. Lui est alors venue l'idée de devenir escort. Zahia est alors adolescente.
J'ai commencé à sortir et à rencontrer des femmes qui m'emmenaient avec elles... Je me prenais un peu pour une grande ; en fait, j'étais pressée de grandir, d'être indépendante... Je rentrais à 6 heures du matin et il fallait que j'aille à l'école. Et je n'avais pas dormi.
"Toutes les filles de mon âge avaient un petit copain, elles étaient amoureuses pendant un mois, puis elles étaient tristes, puis elles changeaient, puis elles avaient un nouveau petit copain et refaisaient la même chose... Je me suis dit, autant avoir des relations sexuelles et gagner quelque chose en retour. Je trouvais ça plus excitant. Et je n'aimais pas du tout les hommes de mon âge, je ne les trouvais pas intéressants", poursuit Zahia.
Quant au terme "prostitution", elle répond : "Si la prostitution, c'est prendre de l'argent pour une relation sexuelle alors oui, c'est ça. Aussi, j'aurais pu avoir un petit copain de mon âge et en changer chaque semaine. Finalement, c'est la même chose, à part que je n'aurais rien eu en échange."
Et pour l'insulte de "pute" ? "On me traitait de pute très jeune déjà. Depuis toute petite, j'adore me maquiller, mettre des minijupes. Dès mes 3 ans, je passais mon temps à m'apprêter, mais pas comme une petite fille, comme une femme. Pour les gens, j'étais l'enfant bizarre. Puis quand j'ai commencé à grandir, vers 11 ou 12 ans, je faisais toujours ça, mais je n'étais plus étrange : j'étais la pute maintenant. Je voyais que tout le monde était choqué, mais pour moi il n'y avait rien de malsain là-dedans, ni pour ma mère. Les gens lui disaient de ne pas me laisser faire comme ça, mais elle ne voulait pas m'enlever ça. C'est ce qui me plaisait depuis toujours, pourquoi c'était soudain mal ? (...) Je n'ai jamais voulu changer, alors j'entendais pute partout, mais je m'en fichais", révèle Zahia Dehar.
Depuis, Zahia a cessé son activité d'escort girl et tourné la page : "Je suis passée à autre chose et je ne suis plus aussi jeune qu'avant", dit-elle, en ajoutant, sans regrets : "C'était bien à faire dans la jeunesse. C'était intéressant, c'était amusant."
Retrouvez son interview et les photos de sa cover story sur le site d'Antidote.