Difficile de ne pas se souvenir de l'incroyable duo formé par Catherine Deneuve - à l'affiche de la comédie Palais Royal diffusée ce vendredi soir sur TMC - et sa grande soeur Françoise Dorléac dans Les Demoiselles de Rochefort, film culte de Jacques Demy sorti en 1967. Mais trois ans plus tôt, elles étaient en concurrence au Festival de Cannes, pour décrocher la Palme d'Or. Le célèbre réalisateur venait défendre son dernier film, Les Parapluies de Cherbourg, dans lequel la mère de Chiara Mastroianni brille à l'écran. Quant à l'aînée, elle tenait le premier rôle du dernier Truffaut, à savoir La Peau douce. "Sans doute son meilleur film", écrivaient nos confrères de Paris Match en septembre dernier.
En effet, ce drame romantique était très attendu, et devait à priori s'imposer. Mais le destin en a décidé autrement "Fracas, le jury tranche, il va dans le sens du public, ce n'est pas Truffaut c'est Demy, ce n'est pas Dorléac c'est Deneuve", raconte le magazine, ajoutant qu'à l'époque, Françoise Dorléac "souffre de cet échec". Mais elle est soutenue par Catherine Deneuve, qui "doit forcément souffrir en retour de la douleur de sa soeur, jusqu'ici la personnalité écorchée, vive, d'une nervosité soulignée par tous dominait en apparence sa cadette de dix-huit mois". Il ne s'agit pas "d'une trahison", car "le lien entre les deux femmes est puissant" à l'époque, mais "pire, d'une tragédie"...
On vit avec ses morts
Une tragédie qui n'est pourtant rien à côté de celle qui se produira trois ans plus tard, juste après la sortie au cinéma Des Demoiselles de Rochefort. A savoir la mort brutale de Françoise Dorléac, décédée à 25 ans à la suite d'un tragique accident de voiture survenu dans la région de Nice. Une archive de l'INA permet notamment de revoir l'annonce de ce drame dans un journal télévisé, suivie d'un reportage montrant de terribles images de l'accident. On aperçoit alors la carcasse de la voiture, qui s'est "écrasée contre un pylône de signalisation de l'autoroute et a pris feu immédiatement", explique la voix-off, ajoutant que l'actrice devait rejoindre l'aéroport de Nice pour prendre un avion direction Paris.
Une disparition dont Catherine Deneuve ne s'est jamais réellement remise, comme elle le sous-entendait dans les pages de TGV Magazine, en 2014 : "J'ai été touchée par la mort très jeune, cela m'a semblé encore plus injuste. Et puis j'ai perdu pas mal d'amis, c'est vrai. On continue autrement, mais on ne s'en remet pas." Une pensée qu'elle exprimait de nouveau en 2016, cette fois-ci pour Madame Figaro : "Quand on a vécu, jeune, un deuil aussi profond, il ne vous quitte jamais. Jamais. Et il se trouve qu'en plus d'être soeurs, nous étions dans le même métier, très complices. (...) On vit avec ses morts ; pas autant qu'avec les vivants, heureusement, mais tout de même ils sont là."
De bouleversantes confidences de la part de l'actrice, qui malgré cette épreuve continue de profiter de la vie ainsi que d'écrire sa légende dans le cinéma.