Il y a des artistes qui s'épanouissent pleinement sans sortir de leur zone de confort et il y a les autres. Agnès Jaoui en fait partie. Chanteuse, actrice, metteur en scène, réalisatrice, la touche-à-tout qu'elle est s'essaye désormais à la littérature avec la publication ce mercredi 11 septembre de son tout premier roman intitulé La Taille de nos seins, publié aux éditions Grasset. Encore un moyen de s'affirmer dans le milieu de la création comme elle a pu le faire par le passé avec son binôme de toujours désormais disparu, Jean-Pierre Bacri.
Malgré toutes les casquettes qu'elle peut déjà porter, Agnès Jaoui en a une autre : celle de maman. Lorram et Lorranie, son fils et sa fille adoptés au Brésil à l'âge de 5 et 7 ans, sont son plus grand bonheur malgré un parcours difficile : "Je n'ai pas choisi d'adopter des enfants grands, je voulais des enfants. Et au fur et à mesure, on se rend compte que c'était encore plus long et plus compliqué d'en avoir des petits... Donc j'ai fini par prendre cette décision car j'avais déjà attendu huit ans" confiait-elle à Paris Match.
Si tout se déroulait parfaitement bien, Agnès Jaoui a fini par déceler des maux chez ses enfants sur lesquels elle n'a pas mis de nom tout de suite : "Leurs difficultés sont apparues lors de l'apprentissage de la lecture. J'ai d'abord cru que cela venait du fait que le français n'est pas leur langue maternelle" détaillait-elle au JDD en 2020. Finalement, les deux enfants issus de la même fratrie sont atteints de troubles dits "dys" : "J'étais incroyablement ignorante sur ces troubles jusqu'à ce que je les rencontre avec mes enfants. 'Ils ne font pas d'efforts' me disais-je voyant une excuse de mauvaise élève. Et c'est ce que j'ai entendu à la dernière réunion parents-profs au sujet de ma fille (déjà apparue en public, ndlr) et de sa difficulté à lire en public."
Avant que le diagnostic ne soit posé, Agnès Jaoui avoue avoir elle aussi eu des réflexions de ce genre : "Je ravalais des pensées horribles : 'Tu fais exprès ! Tu es bête ou quoi ?' Puis j'ai compris que de nombreux enfants souffrent des mêmes troubles : pour eux, B-A ne fera jamais BA. Leur demander d'écrire sans faute, c'est exiger d'un unijambiste qu'il court le 100 mètres." Malgré le handicap et les difficultés, Lorram et Lorranie s'en sont très bien sortis. Une conclusion, fruit de nombreuses années de bataille : "Malgré des progrès, cela reste un parcours du combattant. Il faut se faire répertorier à la maison départementale des personnes handicapées. Certains ont voulu m'en dissuader, craignant de les stigmatiser. Enfants, on n'a pas envie d'assumer l'étiquette handicapé, surtout quand ce n'est pas visible. Le mépris reste immense." Une réalité toujours d'actualité, malheureusement.