Dominique Strauss-Kahn, vêtu d'un costume bleu marine, d'une chemise bleu ciel et d'une cravate bleu dur, a monté avec presque une heure d'avance (à 8h40, heure de New York) les marches du tribunal de Manhattan au 100 Centre Street, tenu par le bras par son épouse, Anne Sinclair qui portait un tailleur noir et des chaussures Louboutin beige, sous les regards de dizaines de journalistes et de photographes. Le couple avait quitté dix minutes plus tôt la somptueuse demeure (très surveillée certes...) du 153 Franklin Street dans un 4X4 noir aux vitres teintées.
DSK a eu droit à un comité d'accueil plutôt inhabituel : un groupe de personnes habillées en femmes de chambre, profession de la victime présumée, manifestait devant le tribunal, et les cris de protestation étaient clairement audibles à l'intérieur de la salle, située au 13e étage. Ce sont une centaine de femmes, rassemblées là à l'appel du syndicat des femmes de chambre, qui ont hué DSK aux cris de "Shame on you" ("honte à vous !"). Ces femmes étaient arrivées dans un bus spécial et portaient des tenues de femmes de ménage bleu foncé avec une chemise bleu clair. Elle ont continué à scander "honte à vous, honte à vous", sans s'arrêter, jusqu'au moment où Dominique Strauss-Kahn est entré dans le tribunal. Sur le marchepied du bus, des membres du syndicat des employés d'hôtels de New York portaient une pancarte sur laquelle on pouvait lire : "une blessure faite à l'un d'entre nous est une blessure pour nous tous."
DSK est resté dans l'antichambre de la salle 51 en compagnie de sa femme en attendant l'arrivée de ses avocats, Benjamin Brafman et William Taylor. L'ancien patron du FMI a alors pris place dans la salle d'audience, précédé d'une Anne Sinclair souriante qui s'est assise au premier rang aux côtés d'une des filles de DSK (Vanessa sans doute, née du premier mariage de l'ancien ministre socialiste). Puis le juge Michael Obus est arrivé, tout le monde était en place pour le début de l'audience.
Dominique Strauss-Kahn a plaidé "non coupable" (en anglais, "not guilty") - comme prévu ! - d'avoir tenté de violer une femme de chambre d'hôtel, après lecture de l'acte d'accusation (sans détails) par le juge Michael Obus dans une salle d'audience pleine à craquer de journalistes, surtout français.
L'ancien ministre socialiste français a donc rejeté l'ensemble des sept chefs d'accusation, dont crimes sexuels, tentative de viol et séquestration, chefs d'accusation, dont il fait l'objet suite au témoignage sous serment devant le Grand Jury de la victime présumée, une femme de chambre de 32 ans, veuve, maman d'une ado de 16 ans qu'elle élève seule, d'origine guinéenne et travaillant pour l'hôtel Sofitel à New York.
En plaidant non coupable, DSK ouvre la voie à l'organisation de son procès public, qui pourrait avoir lieu dans les prochains mois et lors duquel il devra affronter la victime présumée, dont les autorités américaines n'ont toujours pas révélé l'identité.
Ce fut une audience éclair et le juge Michael Obus, à la demande des avocats de la défense (à laquelle les assistants du procureur ne se sont pas opposés), a fixé la date de la prochaine audience au 18 juillet à 14 heures, heure de New York.
Cette brève audience, qui n'a duré que sept minutes, était la troisième depuis l'arrestation de DSK il y a trois semaines. La première l'avait envoyé en prison, la seconde lui avait permis d'obtenir une libération conditionnelle contre une énorme caution et dans des conditions de sécurité et de surveillance extrêmement drastiques, celle d'aujourd'hui a donné l'occasion à DSK de plaider non coupable. Sitôt celle-ci terminée, les avocats des deux parties se sont affrontés devant la presse, donnant un avant-goût des joutes judiciaires qui devraient avoir lieu jusqu'au procès.
La décision de Dominique Strauss-Kahn de plaider non coupable est "une déclaration forte et éloquente", a dit un de ses avocats, Benjamin Brafman, un des ténors du barreau de New York, dont la stratégie consiste depuis le début de l'affaire à rejeter les accusations dont fait l'objet son client. "Il va apparaître clairement qu'il n'y a pas d'élément fort montrant qu'il y a eu contrainte dans cette affaire, toute suggestion du contraire n'est tout simplement pas crédible", a-t-il assuré. Ce qui veut dire, si nous ne sommes pas complètement idiots, qu'il admet qu'il y a bien eu acte sexuel... mais consenti ! Il n'a quand même pas osé prononcé le mot... chantage possible de la part de la jeune femme de ménage ! Effectivement, s'il s'agit d'un "troussage de domestique" comme a osé le dire Jean-François Kahn ... il n'y a pas "mort d'homme" hein, Monsieur Jack Lang !
Riposte immédiate de l'avocat de la victime présumée : "c'était une agression sexuelle terrible", a affirmé Me Kenneth Thompson. La victime présumée "est une femme digne et respectable" qui témoignera contre l'ancien patron du FMI, a-t-il ajouté.
Le groupe des fameuses femmes de chambre était toujours devant le tribunal après l'audience et notamment quand Dominique Strauss-Kahn en est ressorti.
Alors que DSK et son épouse ont quitté le tribunal depuis plus de deux heures, ils ne sont toujours pas revenus dans leur loft de TriBeCa... Les journalistes sont aux cent coups, mais où est passé leur client préféré ? Il a sans doute fait un stop chez ses avocats pour commencer à lire les pièces que l'accusation leur a remises.
Pour en savoir plus, nous allons être obligés d'attendre les fuites de la presse ! Elles ne vont pas manquer...
A suivre !