À New York, la défense de Dominique Strauss-Kahn et l'accusation ont adressé une demande conjointe au juge Michael Obus afin de reporter l'audience prévue au 18 juillet pour "faciliter la poursuite de l'enquête menée par les deux parties". Dominique Strauss-Kahn sera donc entendu le 1er août dans cette affaire où il est accusé de viol par Nafissatou Diallo, une femme de chambre guinéenne de 32 ans. Si les avocats de DSK se veulent confiants : "Nous espérons que pendant ce temps le procureur prendra les dispositions nécessaires afin d'abandonner les charges contre M. Strauss-Kahn", le procureur Cyrus Vance reste stoïque et décidé. Il s'est fendu d'un communiqué dans lequel il explique "l'enquête sur cette affaire se poursuit, aucune décision n'a été prise".
En France, Tristane Banon a porté plainte contre l'ancien patron du FMI - poste aujourd'hui occupé par Christine Lagarde. La jeune écrivaine de 32 ans a été entendue par la police dans le cadre d'une enquête préliminaire. Banon est arrivée lundi à 9h30 dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Elle n'en est ressortie qu'en début d'après-midi après cinq heures d'audition. Cet entretien s'est passé "de manière respectueuse", a simplement déclaré l'entourage de la victime présumée.
Comme l'avait annoncé le camp Strauss-Kahn, une plainte a été déposé à l'encontre de Tristane Banon pour dénonciation calomnieuse. Tristane Banon accuse DSK d'avoir tenté de la violer lors d'une interview réalisée, en février 2003, dans un appartement parisien, alors qu'elle préparait son livre Erreurs avouées... (au masculin). Accusations qu'elle a ensuite portées dans l'émission de Thierry Ardisson sur Paris Première en 2007, puis dans une interview pour le site Agoravox en 2008. Cette semaine dans L'Express, elle revient en détails sur les faits et ses motivations huit ans après les faits.
Dominique Strauss-Kahn a qualifié d'"imaginaires" les faits rapportés par Tristane Banon. Me Koubbi, l'avocat de cette dernière a déclaré dans un message envoyé à l'AFP : "Nous avons bien compris que la vérité des faits ne constituait pas une limite à l'instinct de survie de DSK : il est donc normal qu'au moment où n'importe qui à sa place se confondrait en excuses, il dépose plainte à son tour."
Cette enquête préliminaire vise à vérifier ces faits. Le parquet peut classer sans suite ou confier une information judiciaire à un juge d'instruction. La plainte de DSK à l'encontre de Banon ne sera étudiée qu'à la fin de cette enquête préliminaire.
Outre-Atlantique, alors que le témoignage de la victime supposée est fragilisé, Nafissatou Diallo gagne de nouveau en respectabilité : selon le syndicat du personnel de l'hôtellerie de New York, Nafissatou Diallo avait été placée au Sofitel par l'International Rescue Committee, une association "très respectable" d'aide aux réfugiés vendredi 8 juillet.
Enfin, de nouvelles révélations du New York Post (tabloïd qui semble le mieux informé sur cette affaire) sur la nuit du 13 mai, précédant les faits, épaississent encore le mystère. Dominique Strauss-Kahn aurait proposé, séparément, à deux autres employées du Sofitel de le rejoindre dans sa chambre. D'autre part, une caméra vidéo aurait filmé cette nuit-là l'ancien patron du FMI en train de "monter dans un ascenseur vers 1h20 avec une femme qui ne travaillait pas à l'hôtel". Cette femme a pu être identifiée mais n'a pas souhaité répondre aux enquêteurs sur la nature de sa visite. Au matin, Dominique Strauss-Kahn a commandé un petit-déjeuner pour une seule personne à 9h24. Ce qui laisse la place à de nombreuses suppositions...
Dominique Strauss-Kahn, libéré sur parole, a plaidé non coupable des sept chefs d'inculpation toujours retenus contre lui. Son avocat a fait savoir qu'il ne négocierait pas avec le juge. Entendez par là qu'il n'acceptera pas de plaider coupable pour des faits mineurs en échange du bouclage de l'affaire. Dominique Strauss-Kahn veut être blanchi entièrement.
Tristane Banon l'attend de pied ferme, assurant de sa détermination dans L'Express : "Je ne souhaite qu'une chose, qu'il revienne en France avec sa présomption d'innocence pour que l'on aille devant un tribunal (...) je sais que je dis la vérité."
Il est bon de noter que les Français en ont "ras le bol" de la trop grande couverture médiatique de cette affaire DSK. Ils sont 80% à penser que les médias en parlent trop. Et dans un autre registre, 61% des personnes interrogées selon une enquête Ipsos-Logica Business Consulting ne souhaitent pas que DSK se présente à la primaire socialiste. Enfin, il faut faire attention aux sondages autorisés par la loi et poser les bonnes questions : Jean-Jacques Bourdin et RMC ont été mis en demeure par le CSA pouraoir appeler les auditeurs de la station à se prononcer sur l'éventuelle culpabilité de DSK... Un peu poussé ça !