C'est la haut fonctionnaire qui a fait polémique. Exclue deux ans de la fonction publique, dont six mois ferme, après l'affaire de ses notes de taxi faramineuses - plus de 40 000 euros - remontant à avril dernier, Agnès Saal sort de son silence. Dans une interview accordée au Monde, l'ex-patronne de l'l'Institut national de l'audiovisuel (INA) entend assumer sa faute, mais dénonce la campagne médiatique à son encontre, qui l'a transformée selon elle en "symbole de la trahison des élites".
J'y pense jour et nuit
Agnès Saal fait son mea culpa. Loin de se dédouaner, la haut-fonctionnaire reconnaît avoir commis une "faute". "Il ne s'agit ni de la nier, ni de la sous-estimer, ni de tenter de me disculper ou de trouver des circonstances atténuantes", confie-t-elle. Pour preuve, elle dit même être encore hantée par son erreur : "Je n'ai pas l'intention de former un recours. J'assume cette faute, je la regrette à un point infini, j'y pense jour et nuit depuis huit mois. Mon regret est sincère, profond", dit celle qui, avoir démissionné fin avril 2015, avait été recasée au ministère de la Culture en tant que "chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences".
Mais Agnès Saal tient toutefois à insister sur les raisons de cette faute. Et ce, pour mettre "un peu d'humanité et de sens dans cette histoire". L'ex-patronne du Centre Pompidou répète ainsi que son seul chauffeur ne lui permettait pas de se déplacer comme sa mission le demandait. Après avoir refusé l'emploi d'un deuxième chauffeur, pour ne pas peser sur les finances de l'INA - le coût aurait été de 60 000 euros par an -, la solution, "de bonne foi", est trouvée : les Taxis G7. Selon elle, c'était en effet sa seule façon de pouvoir "travailler davantage".
Le gros regret d'Agnès Saal, qui a du rembourser 21 000 euros de frais, reste d'avoir donné les codes à son fils. "Très peu à la maison" et "pas toujours joignable", elle a eu "le réflexe de laisser ce code à mon fils en cas d'urgence", commettant "l'erreur de ne vérifier à aucun moment la manière dont ce code était utilisé." Elle précise également que l'INA ne l'a jamais alertée sur ses notes de taxi - dont 6 700 euros ont servi pour son fils.
Au coeur d'une affaire particulièrement médiatisée et choquante pour l'opinion publique, Agnès Saal "comprend l'indignation", mais regrette les proportions prises par son erreur. "Je suis devenue un dérivatif, un symbole, l'incarnation d'une trahison des élites, alors que je suis à l'opposé de cette image de haut fonctionnaire cupide qui dilapide les fonds publics", lamente-t-elle après ce "traumatisme personnel et professionnel" ayant laissé sa vie "en miettes".
Il y a quelques jours, François Hollande a suivi l'avis du Conseil de discipline des fonctionnaires et Agnès Saal a été exclue de la fonction publique pour une durée de deux ans, dont six mois ferme. Deux enquêtes préliminaires visent toutefois encore l'ancienne haute fonctionnaire. Ouverte par le parquet de Créteil, la première concerne 40 000 euros de frais de taxi accumulés en dix mois à l'INA tandis que la seconde est dirigée par le parquet de Paris et porte sur 38 000 euros de notes présentées, entre janvier 2013 et avril 2014, alors qu'elle était directrice générale du Centre Pompidou.
Heureusement, Agnès Saal a encore des soutiens. Signée par 98 personnes, une lettre écrite à François Hollande publiée sur le site du Point dénonce une "injustice" et "une sanction en réalité sans aucune proportion avec les faits reprochés" à l'encontre de l'ex-patronne de l'INA.