Le fruit n'est pas tombé bien loin de l'arbre. À 18 ans seulement, Alain-Fabien Delon entame la première étape de sa vie publique avec la couverture de VSD et un titre-choc, "Pardon Papa !". Précédé par le scandale et libéré par sa toute récente majorité, le fils d'Alain Delon décide pour la première fois de parler pour remettre les pendules à l'heure et de mettre un terme à toutes les rumeurs. Et celui qui préfère être appelé simplement Alain Delon - "Après tout, c'est mon nom et mon prénom" - affirme qu'il possède la même force que son père.
Né en France le 18 mars 1994, Alain-Fabien Delon possède la double nationalité par sa mère néerlandaise Rosalie Van Breemen. Frère d'Anouchka, il passe son enfance entre le Loiret, les Pays-Bas, Paris et la Suisse : "Je conserve de très beaux souvenirs de Douchy, dans le Loiret. Nous vivions dans une très belle maison de campagne. Je m'occupais des animaux, des chiens, des chevaux, des poules. Une petite enfance rêvée. Lorsque, à la fin des années 90, nous avons déménagé en Hollande avec ma soeur et ma mère, j'ai compris que mes parents n'étaient plus vraiment ensemble." C'est la première fracture évoquée par le fils de l'acteur, caché derrière une chevelure qui n'est pas sans rappeler celle de son père. "À l'époque, ils ne nous ont jamais dit qu'ils se séparaient, officiellement pour nous préserver, ma soeur et moi. C'était curieux. Je ne voyais plus mon père qu'une fois par mois. Il nous envoyait un jet privé en Hollande."
Tout sur ma mère
De son père superstar, Alain-Fabien Delon conserve le souvenir de "ses yeux, son regard énigmatique et pénétrant, parfois - souvent - réprobateur". Néanmoins, c'est à cause de sa mère Rosalie Van Breemen que les choses dérapent : "Il y a deux ans, ma mère a décrété que j'étais un drogué, un bon à rien. En réalité, comme beaucoup de jeunes de mon âge, je fumais occasionnellement des joints, parfois même son herbe. (...) Ce n'est pas la chose la plus intelligente que j'aie faite dans ma vie, mais de là à me transformer en toxicomane..." Elle persuade alors son père de l'envoyer pendant un mois en désintox' dans une clinique spécialisée en Hollande. Il s'enfuit lorsqu'il découvre que sa mère veut l'envoyer dans un centre pour délinquants aux Etats-Unis. Récupéré dans la rue par une assistante sociale, placé dans un foyer d'accueil pour mineurs, il se prend "une grosse claque" en côtoyant "des gamins qui sortent de la zone, qui n'ont rien sinon la misère". Une "putain d'expérience" qui lui a permis pour la première fois d'être considéré comme une personne à part entière, et plus comme le fils de.
Mon père, ce héros
Alain Delon sera la lumière au bout du tunnel : "Mon père a compris que ma mère avait abusé, que je n'étais ni un drogué ni un voyou. Après quelques jours dans le foyer, il m'a fait venir près de lui, en Suisse. Il m'a installé dans son appartement à Genève." Remis dans le droit chemin des études, Alain-Fabien vit dans un "appartement immense" avec un père "jamais là" et "sans copains". Un père qui s'est battu pour récupérer sa garde auprès d'une juge du TGI de Paris et l'a obtenue. C'est dans ce contexte qu'il invite "quelques potes" chez son père pour une soirée tristement inoubliable qui a créé le scandale en juin 2011, quand une adolescente de 16 ans a été blessée par balle.
Malmené par les médias, le principal intéressé remet les choses à plat : "[Un pote], en fouillant dans ma chambre, a trouvé un pistolet que j'avais rapporté de Douchy. Une arme de collection. Un 7,65. Il a voulu jouer avec, sans savoir qu'une balle se trouvait dans le chargeur. Le coup de feu est parti. Une jeune fille a été blessée à l'abdomen. Contrairement à ce qui a été dit, je ne suis pas le tireur, je n'ai pas essayé de fuir, je n'ai pas essayé de camoufler quoi que ce soit. Au contraire. C'est moi qui ai appelé la police et les pompiers." Inculpé pour lésions corporelles par négligence, il est "profondément désolé de cet accident". Il avoue qu'il ne connaissait pas la victime et assume sa "connerie" d'avoir rapporté une arme. Néanmoins, il explique qu'il a été "élevé avec des armes" et invoque les nombreux films où son père en porte pour expliquer que "c'est peut-être un truc de famille".
Demain ne meurt jamais
Parce que "beaucoup de conneries" ont été dites et écrites sur lui, Alain-Fabien Delon ouvre sa vie d'adulte en toute sincérité. "Comme mineur, je n'avais pas trop le droit de la ramener", précise-t-il. Conscient qu'il a absolument tout à prouver, il avoue sans surprise que le cinéma l'intéresse beaucoup : "Quand j'étais petit, [mon père] m'a souvent répété que je serais comédien. Au fond de moi, je sais que le cinéma va jouer un rôle important dans ma vie." Intéressé par la comédie, la production et la réalisation, il reste néanmoins lucide : "Il faut être réaliste : je n'aurai jamais la carrière de mon père, qui, aujourd'hui, à 76 ans, est encore mondialement connu. Lorsqu'on parle de lui, on dit 'monstre sacré', 'légende vivante du cinéma'. Je ne serai jamais ça." Et d'ajouter : "Ce n'est pas parce que je suis le fils d'Alain Delon que je suis moi-même un bon comédien."
Il livre d'ailleurs quelques détails sur sa relation avec son père. "Il a toujours été assez dur et strict. Il me faisait et continue d'ailleurs aujourd'hui encore de faire des réflexions sur ma coupe de cheveux, sur mes fringues, sur mes chaussures. (...) En fait, je crois que nous nous ressemblons beaucoup et qu'il aimerait que je sois comme lui." Mais l'heure est aux aveux et Alain-Fabien Delon, 18 ans, ouvre son coeur : "Excuse-moi, papa, pour toutes les conneries du passé. Je ne suis plus un gamin. Je voudrais que tu me considères comme un adulte. Laisse-moi te montrer, laisse-moi te prouver que tu peux me faire confiance. Tu ne le regretteras pas. Je ne te décevrai pas. Parlons-en, vraiment, entre hommes." Le message est sans équivoque.
Retrouvez l'interview dans VSD, 2 août 2012.