C'est un sujet encore très difficile pour elle : désormais consciente, après plusieurs décennies de déni, d'avoir été une victime d'inceste par son père, Anne Parillaud tente désormais de se remettre sur pied et de sortir de ce terrible mécanisme dans lequel elle a longtemps été plongée. Un processus très long et douloureux pour l'actrice de 64 ans, qui a découvert en écrivant son histoire qu'elle était touchée par un syndrome connu.
"La guérison est très longue à venir : il faut conscientiser, se déconditionner, puis assumer et enfin vouloir se soigner. Ce sont des étapes distinctes. La première s'est faite en écrivant. J'ai découvert, entre autres, que j'étais attente du syndrome de Stockholm", a-t-elle en effet expliqué dans Paris Match, ce jeudi. Il faut dire que dans son cas, victime des agressions de son père, "aimer son bourreau est logique", comme elle l'a ensuite compris.
"Dès lors qu'un de vos parents n'est plus une instance éducatrice, crée la confusion dans l'amour qu'il vous porte et dérègle les fondations de votre socle affectif en y mettant toxicité, perversion et sexualité, ça biaise tout le parcours. Vous pensez que c'est ainsi que l'on aime et que vous devez être aimée. Et si, enfant, vous souffrez parce que vous avez de doutes sur la normalité de la situation, vous endossez la faute et la culpabilité puisqu'il est impossible d'imaginer que des parents peuvent être des êtres désaxés", explique-t-elle désormais sur son enfance, elle qui est encore "incapable" de se souvenir de l'âge qu'elle avait lorsque les agressions se produisaient, et de "prononcer le mot" d'inceste.
"Des membres de ma famille se rappelaient et condamnaient mon père. Ils ont essayé de me convaincre mais je ne les croyais pas. A présent, le déni se délie, pourtant, je ne l'assume toujours pas. Petit à petit, je réapprends à marcher, à vivre. C'est un individu entier qu'il faut reconstituer", explique-t-elle avec philosophie.
Car elle sait aujourd'hui que cette enfance difficile a conditionné sa vie de femme : en couple de nombreuses fois avec des hommes plus vieux qu'elle, notamment Olivier Dassault, pour qui elle a quitté sa famille à 16 ans, alors qu'il en avait 27, Alain Delon, qui a quitté Mireille Darc pour elle alors qu'elle n'avait que 19 ans et lui 44, ou embarquée dans des relations toxiques avec Luc Besson, le père de sa fille Juliette (37 ans) ou Mark Allan, le père de ses fils Lou (23 ans) et Théo (21 ans), l'actrice reproduisait des schémas déjà vécus.
"C'est votre langage, presque une zone de confort, ça vous est familier. Vous répétez les schémas avec des personnes qui appliqueront les codes que vous avez connus dans votre enfance. Ce qui explique peut-être mon parcours jalonné de pygmalions pervers", explique avec le recul celle qui ne peut pas encore juger son père comme "un monstre".
"J'ai adoré mon père. Il était mon meilleur ami, mon confident, mon guide, voire mon premier pygmalion... Il était tout pour moi", conclut-elle aujourd'hui, consciente des "électrochocs" nécessaires pour lui faire comprendre la réalité. Une réalité qu'elle tente d'accepter, mais le chemin est encore long...