Anne Sinclair est de retour. En radio d'abord, où elle entame sa seconde saison au micro d'Europe 1, puis en télé, où, sur France 3, elle animera une émission consacrée à la musique classique. Quant aux interviews politiques qui ont fait sa renommée, pas question d'y revenir, comme elle l'a confié à TéléObs, en même temps qu'elle s'ouvrait sur sa relation avec les médias...
La presse est dévoreuse, vorace, parfois inhumaine
Car, depuis l'affaire du Sofitel et l'étalage de sa vie privée et de celle de son époux d'alors, Dominique Strauss-Kahn, Anne Sinclair a une certaine image des médias. "La presse est dévoreuse, vorace, parfois inhumaine, lâche-t-elle à TéléObs. Ai-je trouvé que le comportement des journalistes frôlait le harcèlement ? Bien sûr. Des digues ont cédé, y compris dans la presse dite sérieuse, notamment celles qui protégeaient la vie privée."
Et Anne Sinclair de faire référence à la couverture de L'Obs, justement, qui avait mis en exergue le livre de Marcela Iacub, Belle et Bête, publiant les bonnes feuilles de ce brûlot dévoilant dans les moindres détails la relation de l'auteure avec DSK. "Je n'oublie pas les bassesses. Mais j'ai fait le ménage", poursuit Anne Sinclair. Des histoires qui l'ont vue devenir malgré elle personnage de fiction, comme dans Welcome to New York d'Abel Ferrara, une interprétation très personnelle par le cinéaste de l'affaire du Sofitel de New York. "C'est très violent et très déplaisant, concède-t-elle, évoquant un film "dégoûtant" et ne souhaitant plus parler de cela : "J'ai tourné la page."
Pour l'accompagner face à la déferlante médiatique, Anne Sinclair s'est adjoint les services d'Anne Hommel, conseillère en communication, mais avant tout "une vieille amie". La journaliste l'assure, elle n'a pas besoin de conseils en communication... "Je ne communique pas, je suis journaliste. Je suis libre de ton, libre de dire ce que je veux. Anne m'aide à gérer mon agenda. Vous le savez : j'ai été relativement médiatisée ces dernières années", justifie-t-elle, Anne Hommel jouant ainsi le rôle de "filtre", selon les mots d'Anne Sinclair elle-même.
Pour autant, la journaliste n'a pas rompu les liens avec les médias. La preuve, son engagement pour une saison supplémentaire auprès d'Europe 1, où elle interviewe qui elle souhaite. "J'ai carte blanche pour faire venir des invités qui prennent de la distance vis-à-vis de l'actualité", lâche Anne Sinclair, tout en expliquant à propos de ce "retour" que "rien n'était prémédité". Tout comme son arrivée sur France 3 : "Un one shot que nous tournerons en octobre. Peut-être y aura-t-il un second numéro au printemps. Mais pas plus."
Pas question de "refaire une émission régulière" donc. Et encore moins d'interviews politiques. La raison de ce désamour ? "Honnêtement, je n'en ai plus envie. Et qui devrais-je interviewer ? Sarkozy ? Juppé ? Hollande ? Bayrou ? Aubry ? Fabius ? Ségolène ? Je les ai déjà tous interrogés !" Anne Sinclair fustige ainsi "l'extraordinaire immobilisme de la classe politique", le "manque de souffle, de vision à long terme", et critique les candidats battus aux élections, dont la défaite se transforme en "passeport pour l'élection suivante".
Mais celle qui s'est toujours refusée à interviewer le leader historique du Front National, Jean-Marie Le Pen, considérant à l'époque le parti frontiste comme hors "de l'orbite de la démocratie", ne dirait pas non à un entretien avec Marine Le Pen. Si elle constate que son boycott du FN de l'époque n'a eu que peu d'effet, elle reconnaît avec amertume que le parti d'extrême-droite, "peut-être le premier parti de France", a toujours des idées "qui demeurent inacceptables" mais que son leader tente "d'en faire un parti 'banal', sinon banalisé" : "Et on ne peut pas dire aujourd'hui que le FN se situe hors de la démocratie", relève-t-elle. Et de conclure : "Donc, oui, je pourrais interviewer Marine Le Pen... mais je ne suis pas candidate."
Anne Sinclair, un entretien à retrouver dans son intégralité dans TéléObs du 3 septembre 2015