Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair ont réagi chacun à leur façon face au film Welcome to New York d'Abel Ferrara avec Gérard Depardieu, inspiré de l'affaire dite DSK, présenté à Cannes le 17 mai et disponible en VOD. L'ancien directeur du Fonds monétaire international a annoncé sur Europe 1, par la voix de son avocat Jean Veil, qu'il avait l'intention de porter plainte pour diffamation contre les producteurs de Welcome to New York.
"Effrayé et écoeuré" selon son avocat, Dominique Strauss-Kahn déposera plainte dans quelques jours : "Son fondement sera la diffamation et elle reprendra l'ensemble des extraits sur le viol et la manière dont Dominique Strauss-Kahn est traité." DSK ne verra pas le long métrage, ses proches et ses avocats lui ont conseillé de "se protéger, de ne pas regarder ce film abominable". L'avocat s'est ensuite emporté contre la qualité du film lui-même : "Je pense que c'est parce que le film est très mauvais qu'il a été refusé par les dirigeants du Festival de Cannes que M. Maraval s'est mis, comme un coucou cinématographique, à essayer de profiter du Festival de Cannes pour essayer de faire croire que son film était un film maudit. (...) La vérité, c'est que c'est une merde. (...) C'est un film antisémite, et il faut bien voir que manifestement, les acteurs et même le réalisateur ont déjà tenté de s'excuser. Ceux qui ont exprimé d'une part les dialogues ceux qui les ont filmés et accepté de les produire et de les diffuser ont une part d'antisémitisme et n'ont pas peur de le proclamer." Une interdiction du film n'est toutefois pas envisagée.
Anne Sinclair, ex-femme de DSK mais encore son épouse lorsque le scandale a éclaté à New York en mai 2011, a publié une tribune sur le site du Huffington Post dont elle est la directrice éditoriale. Estimant que le film prétendait la représenter - Jacqueline Bisset tient le rôle féminin du film -, elle a décidé de réagir. Elle a fait part de son dégoût pour "l'exhibition permanente du corps de Gérard Depardieu", "des dialogues minables et grotesques", "de la représentation des femmes" et elle s'insurge contre les allusions à sa famille pendant la guerre, "dégradantes et diffamatoires". Il ne s'agit pour elle que de calomnies et d'attaques "clairement antisémites". Cependant, elle a conclu son argumentation en disant : "Je ne ferai pas à messieurs Ferrara et Maraval le plaisir de les attaquer en justice. Ils l'ont dit, ils n'attendent que cela. Je n'attaque pas la saleté, je la vomis."
Avant qu'Anne Sinclair ne s'exprime, le réalisateur américain Abel Ferrara avait confié en interview à l'AFP qu'il n'était pas antisémite : "J'espère que non. J'ai été élevé par des femmes juives." Invité sur le plateau de la matinale d'Europe 1 le 19 mai, Gérard Depardieu n'a pas voulu réagir aux propos d'Anne Sinclair. Il n'a souhaité évoquer que le film United Passions, également dévoilé à Cannes ce week-end, et a brusquement rendu son micro à la fin de l'interview, refusant d'intervenir ne serait-ce qu'une seconde sur le film à scandale.