"Pour moi qui suis une enfant de la guerre, le mot retraite voulait dire défaite, il est banni de mon dictionnaire perso", martelait Annie Cordy dans Ici Paris au printemps 2012. Deux ans et demi plus tard, rien n'a changé. L'artiste belge a 86 ans et toujours la même envie de jouer et de chanter. À l'heure où elle change de cap, en s'installant dans sa villa de Cannes, elle accorde une formidable interview à nos confrères du Figaro. L'occasion de tomber, une fois encore, sous le charme de cette force de la nature qui confie avec beaucoup de tendresse : "J'ai une fin de vie magnifique."
Alors qu'elle vient de publier l'album aux sonorités jazzy Annie Cordy chante Noël, on la retrouvera le 14 janvier à l'affiche du nouveau film de Jean-Paul Rouve, Les Souvenirs. Adapté du roman de David Foenkinos, ce long métrage raconte l'histoire d'une grand-mère rigolote qui prend la poudre d'escampette parce que son entourage lui casse les pieds. Un joli rôle qui lui va comme un gant. La comédienne, qui n'est jamais retombée amoureuse après la mort de son mari, Bruno, en 1989, vit aujourd'hui avec ses deux chiens et sa nièce Mimi Lebon (dont la maman, Jeanne, était la grande soeur d'Annie). Depuis une dizaine d'années, Mimi veille sur Annie et sa carrière. "Avec ma nièce, nous nous disputons comme deux perruches. Mais c'est un amour. J'ai une fin de vie magnifique parce que je vais la terminer avec la fille de ma soeur. Et puis j'ai Fluffy et Fleecy [ses chiens, NDLR], les deux voyous de la famille."
Direction Dolly pour la baronne
Tout ce petit monde débarque donc à Cannes : "J'y ai acheté ma maison en 1972, raconte Annie Cordy au Figaro. La même année où j'ai créé Hello Dolly ! en France. Cette villa s'appelle Dolly ! Elle est sur les hauteurs. (...) Je vois la mer, c'est sublime. Je vais pouvoir y faire une pause. Y trier mes archives, même si l'idée de voir tous ces cartons m'effraie." Ce que garde Annie dans ses fameuses archives, ce sont les souvenirs de ceux qu'elle a croisés et aimés, de ses amis disparus : "Et il y en a... C'est plus important que les costumes." Dans cette interview, Annie se souvient de ses fous rires avec Luis Mariano, de ses moments touchants avec Bourvil. Elle raconte sa première expérience de cinéma avec celui qu'il fallait appeler "maître Guitry", revient sur ses réticences à quitter le cabaret de Bruxelles où elle a débuté pour répondre aux sollicitations du Lido à Paris, et sur la raison pour laquelle elle n'a pas fait la carrière que les Etats-Unis lui offraient sur un plateau. Tout simplement parce que Bruno trouvait qu'on y mangeait mal, là-bas : "J'aimais mon mari, c'est normal, alors je l'ai suivi et je suis revenue à Paris."
Mais Annie Cordy n'exprime aucun regret et se félicite d'avoir toujours travailler dur, sans vraiment connaître le creux de la vague. Meneuse de revue, chanteuse, actrice... Une vie entière dédiée au music-hall, au spectacle. "Je suis une artiste familiale, cela m'a permis de passer de génération en génération." Une carrière unique qui lui a valu d'être anoblie en 2004 par le roi des Belges. Mais attention, la baronne Léonia Cooreman précise : "Surtout ne dites pas 'madame la baronne' : je suis baronne 'sur mon tout seul' comme on dit en Belgique. Je n'ai pas été obligée d'épouser un baron."
En plus de retrouver le grand écran, Annie Cordy sera le 4 janvier sur le canapé rouge de Michel Drucker dans Vivement dimanche et, toujours sur France 2, la prochaine invitée d'honneur de Stéphane Bern pour C'est votre vie (émission enregistrée le 18 décembre), mais aussi au côté de Clovis Cornillac dans Chefs. À Cannes, elle doit lire trois pièces et pense à la scène évidemment. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin...
Annie Cordy, entretien avec le Figaro paru le 30 décembre et disponible en ligne.