Réactualisation de 20h40. Il faisait rire sur scène et sur les écrans. Ce temps est révolu pour Pierre Palmade, depuis le terrible accident qu'il a provoqué en Seine-et-Marne en février 2023. Ce 20 novembre 2024 a démarré le procès de l'artiste de 56 ans, désormais installé près de ses proches à Bordeaux, loin du milieu du show business qui lui a tourné le dos. Il encourait 14 ans de prison et 200 000 euros d'amende. Le parquet a pris ses réquisitions après un procès et une instruction particulièrement médiatisés.
Le parquet de Melun avait requis cinq ans de prison : 2 ans ferme avec mandat de dépôt à effet différé et 3 ans sursis avec obligation de soins à l'encontre de Pierre Palmade. Ce dernier avait l'obligation d'indemniser les parties civiles et voyait l'annulation de son permis de conduire.
La décision finale est tombée. 5 ans dont 3 ans de sursis. Pour la partie ferme: mandat de dépôt différé. Il va donc regagner Bordeaux, ou le procureur va le convoquer prochainement pour décider de l'établissement dans lequel il devra éxecuter sa peine ferme. Egalement, obligation de soins, obligation de travailler, obligation d'indemniser les victimes, perte du permis avec interdiction de le repasser pendant 5 ans.
Ce mercredi, Pierre Palmade était confronté au récit des vies brisées des victimes de la famille de la voiture qu'il a percutée, à l'ouverture de son procès à Melun pour son grave accident de la route sous drogues en Seine-et-Marne l'année dernière. Entré dans le tribunal par une porte dérobée pour échapper à la nuée de caméras, l'humoriste et homme de télévision était assis entouré de ses avocats, le teint livide, le visage creusé, le regard dans le vide, vêtu d'une veste noire et d'une chemise blanche. Tout au long des témoignages des victimes, il est resté concentré, lèvres pincées face à la longue liste des séquelles.
Face à lui, les victimes de l'accident ont raconté leur vie anéantie depuis l'accident. Dans la voiture se trouvaient à l'avant le conducteur de 38 ans et sa belle-soeur de 27 ans, à l'arrière le garçon du conducteur, âgé de six ans. Leurs pronostics vitaux ont été engagés. S'ils sont toujours vivants près de deux ans après le drame, les séquelles sont néanmoins très présentes.
"C'est très difficile pour moi d'être présente aujourd'hui dans cette salle, il y a un gros travail fait avec ma psychiatre", a déclaré Mila, ancienne accompagnante d'élèves en situation de handicap (AESH). Enceinte de six mois lors de l'accident, elle a subi une césarienne en urgence. Sa fille à naître, prénommée Solin, a été déclarée morte après 32 minutes de réanimation, sans avoir donné de signe de vie extra-utérine.
Selon une jurisprudence constante de la Cour de cassation qui s'est prononcée sur des cas semblables d'accidents de la route, un enfant qui n'est pas né vivant n'existe pas en tant que personne légale. "J'attends que cette jurisprudence change et que Solin soit la clé de l'ouverture de ce changement", a déclaré celle qui est désormais mère d'une fille de deux mois, après une "grossesse très douloureuse".
Dans ses propos liminaires, l'avocat des victimes, Me Mourad Battikh, a souhaité que Pierre Palmade comparaisse pour homicide involontaire comme le procureur l'avait demandé dans ses réquisitions. En mai, la juge d'instruction a renvoyé l'humoriste uniquement pour blessures involontaires aggravées. Interrogé par le président, Pierre Palmade a refusé d'être jugé pour homicide involontaire.
Aidé d'une béquille, le bras gauche en écharpe, Yuksel Yakut, conducteur de la Renault Mégane violemment percutée par celle conduite par Pierre Palmade, s'est assis avec difficulté devant le tribunal. "Je ne pourrai plus redevenir comme avant", a-t-il déclaré à l'aide d'une interprète en turc. Son foie et ses intestins ont été atteints et ses hanches restent très fragilisées. Ses douleurs le poussent à se médicamenter dès le matin.
Son fils Devrim "n'est vraiment pas comme avant, il ne veut pas sortir avec ses amis, il a redoublé à l'école", a relaté le père de famille, expliquant que son enfant multipliait les cauchemars et était victime de moqueries du fait de sa mâchoire déformée à la suite de l'accident.
Le 10 février 2023 en fin de journée, Pierre Palmade a une importante quantité de cocaïne et de 3MMC (une drogue de synthèse) dans le sang lorsqu'il prend le volant avec deux compagnons de "bringue", qui n'ont pas été poursuivis. Sur une route du sud du département, sa voiture percute un véhicule venant en face.
Un accident corporel de la route parmi les 52 000 recensés en France métropolitaine cette année-là. Mais du fait de la notoriété du mis en cause, cette collision-ci va exploser en une tempête médiatique d'une rare intensité, au fil des révélations en cascade sur le mode de vie et les addictions de cet artiste à la dérive. Pierre Palmade se trouvait en état de récidive légale en raison d'une condamnation en 2019 pour usage de stupéfiants. Il encourait une peine de quatorze ans d'emprisonnement et 200.000 euros d'amende.