Deux semaines après les Oscars et le sacre d'Argo, l'Iran n'en a pas fini avec le long-métrage de Ben Affleck, troisième du nom. En effet, le ministère de la Culture iranien compte poursuivre ses attaques contre celui qui vient de remporter le prestigieux Oscar du meilleur film. Après un contre-film qui aspire à délivrer la vérité selon le point de vue iranien, les responsables du ministère ont l'intention de mener une procédure judiciaire contre Argo.
Pour ce faire, le ministère a mandaté l'avocate internationale Isabelle Coutant-Peyre, actuellement en Iran où elle a participé ce lundi 11 mars à une conférence intitulée "L'illusionnisme d'Hollywood" et qui avait notamment pour sujet "d'analyser les origines du film Argo". L'Iran chercherait en effet à "trouver des moyens judiciaires afin de stopper les productions américaines mettant en cause le régime iranien". Ce qui explique le choix de confier le dossier à cette spécialiste du barreau réputée (elle a défendu notamment le terroriste Carlos), associée du non moins célèbre Jacques Vergès. L'avocate française compte déjà dans son palmarès des attaques contre les films Jamais sans ma fille, 300 ou encore The Wrestler.
Argo se déroule en novembre 1979, au summum de la révolution iranienne, lorsque des militants envahissent l'ambassade américaine de Téhéran, et prennent 52 Américains en otage. Au milieu du chaos, six Américains réussissent à s'échapper et à se réfugier au domicile de l'ambassadeur canadien. Sachant qu'ils seront inévitablement découverts et probablement tués, un spécialiste de "l'exfiltration" de la CIA du nom de Tony Mendez (incarné par Ben Affleck lui-même) monte un plan risqué visant à les faire sortir du pays. Un plan si incroyable qu'il ne pourrait exister qu'au cinéma.
Pour Isabelle Coutant-Peyre, Argo a donné dans "la falsification historique" via des éléments complexes "supposé(s) être basé(s) sur des archives déclassifiées". Pour elle, Argo est la goutte de trop, celle du "dénigrement, d'atteinte à l'honneur et à la considération". L'avocate compte bien s'attaquer de front à Hollywood et cherche actuellement à "voir s'il existe des moyens pour que la production spécifiquement anti-iranienne s'arrête" tout simplement.
Soucieux d'imposer son point de vue, l'Iran souhaite que "l'opinion publique n'ait pas qu'un son de cloche" tout en espérant que cette envolée judiciaire permette un "débat contradictoire pour rétablir la vérité". Consciente de l'importance du sujet, Isabelle Coutant-Peyre affirme que l'Iran ne souhaite pas l'interdiction d'Argo – Le DVD / Blu-ray sort aujourd'hui en France – mais "la diffusion d'un bandeau disant que les faits racontés ne correspondent pas à la réalité", taxant Ben Affleck d'avoir "gonflé les choses hors de proportion et créé des scènes fausses".