Revenu dans les bacs hier, lundi 18 novembre, avec l'album Horizons, Bertrand Cantat sort à nouveau de son silence. Un mois après son interview-choc dans Les Inrocks, l'ex-chanteur de Noir Désir évoque Détroit, son tout nouveau projet qu'il forme avec Pascal Humbert, pour un entretien exclusif dans Sud-Ouest. L'occasion de revenir sur la polémique générée par son retour sur scène, dix ans après la mort tragique de Marie Trintignant, et sur la naissance difficile de ce nouveau disque.
Depuis ce terrible 27 juillet 2003, Bertrand Cantat n'est plus seulement un artiste. Pour beaucoup, il est avant tout un assassin, celui qui a ôté la vie à Marie Trintignant. Mais s'il a été jugé, condamné à huit ans de prison (et libéré après quatre années) et s'il a donc payé sa dette, beaucoup s'indignent de le voir aujourd'hui revenir sur le devant de la scène pour exercer son métier. Et c'est dans ce contexte tendu que l'ex-chanteur de Noir Désir a choisi de sortir de son silence il y a un mois dans un long entretien accoré aux Inrocks, faisant hurler certains à la promotion indécente, avant de revenir dans les bacs. "Il était temps pour moi de reprendre la parole, explique Bertrand Cantat. Mais je voulais le faire dans de bonnes conditions, comme ce fut le cas avec Les Inrocks. J'ai voulu éclairé par moi-même certains points avant de laisser place à la musique et à la poésie."
Sauf que l'ombre du drame de Vilnius plane toujours. Et face à l'indignation de certains de le revoir en une des magazines et dans les bacs, la question de remonter sur scène ou non s'est forcément posée pour Bertrand Cantat et son partenaire dans Détroit. Après avoir "longtemps réfléchi", le duo se produira toutefois en concert. "Nous avons pris la décision de faire des concerts pour défendre l'album sur scène. Parce qu'on ne peut pas faire autrement, on a envie de le partager, et c'est un processus qui reste naturel. J'ai été jugé, j'ai payé, je fais mon métier. Et certes, ce métier fait que l'on me voit. Je n'ai pas trouvé d'autre solution", confie Bertrand Cantat. Ce dernier ajoute cependant comprendre les proches qui s'indignent - on pense notamment aux parents de l'actrice Nadine, et Jean-Louis Trintignant - mais pas les autres. "Je pense au mal que ça peut faire aux personnes concernées au premier chef par mon histoire, et j'ai de la compassion. Les autres ne m'intéressent pas", assure-t-il.
Bertrand Cantat a-t-il toutefois peur de monter sur scène ? "Non, absolument pas, rétorque-t-il. En revanche, est-ce que je me sens en sécurité dans la vie ? Non." La polémique a toutefois empêché Detroit d'avancer, et la composition s'est parfois révélée compliquée. "Cela n'a pas été facile, j'ai beaucoup écrit, beaucoup gommé, mais je suis allé au coeur de l'intime", explique-t-il. Et pour ceux que ses textes gênent, comme dans Droit dans le soleil, où certaines paroles font inévitablement penser au drame de Vilnius, il assure ne pas "s'étaler". "Mais je ne pouvais pas faire comme si de rien n'était", confie le chanteur.
Si Bertrand Cantat voudrait que la polémique laisse place à la musique, une autre histoire personnelle tragique vient malheureusement de resurgir : le suicide de son épouse Kristina Rady et mère de ses deux enfants, Milo et Alice (15 et 12 ans). Son dernier compagnon, François Saubadu, vient en effet de le mettre en cause dans VSD. Des propos que le nouveau chanteur de Detroit ne compte pas laisser passer, en attaquant, pour diffamation, François Saubadu, mais aussi le directeur de la publication de VSD, Rolf Heinz, et l'auteur de l'article.