Si le prince Albert II de Monaco avait commencé sa semaine de "distractions" en jouant lundi les graffeurs en pleine ville, il l'a au contraire achevée, son épouse la princesse Charlene à ses côtés, avec un formalisme étudié sur un Rocher bien calme, et pour cause : la visite éclair du président de la république populaire de Chine Xi Jinping en principauté, dimanche 24 mars 2019, était un événement historique.
Sur la route menant de Rome, sa précédente étape officielle pour la promotion de son projet économique des "Nouvelles routes de la soie", à Paris, qu'il doit rallier lundi, le chef d'Etat asiatique avait prévu une escale studieuse sur la Côte d'Azur. Après avoir atterri à Nice vers 12 heures, où il a été accueilli par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, Xi Jinping, qui voyage en compagnie de son épouse Peng Liyuan, a été conduit à Monaco pour s'y entretenir avec le prince Albert.
Bien que sa visite sur le Rocher soit inédite, les deux hommes se connaissent déjà : en septembre dernier, le souverain monégasque avait été reçu à Pékin et avait eu l'occasion de nouer quelques liens avec le président chinois, notamment autour du sport et du football - une passion pour Albert et un marché en plein essor pour la Chine. "Le courant était très bien passé", a souligné le gouvernement monégasque au sujet de ces échanges qui avaient permis au prince d'adresser une invitation au chef d'Etat chinois. "Je ne savais pas qu'il aurait le temps et l'occasion de venir : c'est donc un énorme plaisir et c'est également, je crois, un événement considérable car c'est la première visite d'un président en exercice d'un grand pays et d'une puissance mondiale", a fait remarquer le prince Albert à l'agence de presse Xinhua, quelques heures avant cette nouvelle rencontre, disant espérer "que le président Xi Jinping et son épouse, même si c'est une courte visite, pourront passer d'agréables moments en principauté de Monaco". Une principauté dont les rues vidées de toute agitation étaient pavoisées aux couleurs chinoises.
Le prince Albert II de Monaco et la princesse Charlene, sobrement habillée d'un ensemble noir et munie de lunettes de soleil, se sont postés sur un tapis rouge au pied du monumental escalier à double révolution donnant dans la cour intérieure du palais princier pour attendre leurs invités. De plus en plus en vue dans la vie publique monégasque, leurs jumeaux le prince Jacques et la princesse Gabriella, âgés de 4 ans, n'étaient pas conviés pour ce moment hautement solennel.
Mais le jeune prince héréditaire n'a pas pu s'empêcher de jeter un coup d'oeil depuis les fenêtres du palais, derrière lesquelles on l'a surpris, avec ses lunettes miroir de star sur le nez ! La princesse Charlene a d'ailleurs repéré son fils, son visage s'illuminant d'un seul coup tandis qu'elle lui faisait coucou d'en bas, sous le regard amusé et attendri d'Albert.
Une fois les cérémonies protocolaires effectuées par les carabiniers du prince, c'est en privé que les deux chefs d'Etat ont pu s'entretenir. Aucune conférence de presse n'était au programme pour en rendre compte, mais il semble acquis que le thème de l'économie numérique, alors que Monaco doit être cette année le premier territoire étranger test pour le déploiement de la 5G par le géant chinois des télécoms Huawei, devait occuper une place centrale, tout comme celui du tourisme de luxe et des casinos. Les intérêts économiques sont considérables, alors que les échanges entre les deux pays ont été multiplié par onze en vingt ans, selon des informations délivrées par le prince Albert, mais le souverain monégasque, ardent défenseur de l'environnement, est aussi sensible à la détermination de Xi Jinping en matière de croissance verte.
Après avoir pris congé de son hôte monégasque, le président chinois doit retrouver son homologue français Emmanuel Macron ainsi que son épouse Brigitte du côté de Nice pour un dîner privé à la villa Kérylos, villa-musée Belle Epoque à Beaulieu-sur-Mer, avant de passer la nuit au palace Negresco, à la veille du coup d'envoi officiel à Paris de sa visite d'Etat en France.