"Armé de son sarcasme libérateur, le créateur argentin attaque à la hache un symbole du consumérisme globalisé. Un théâtre de performance subversif à la poésie désespérée." C'est ainsi que le théâtre Liberté de Toulon, codirigé par les frères Philippe et Charles Berling, présente le spectacle Et balancez mes cendres sur Mickey de l'artiste argentin provocateur, Rodrigo Garcia. L'établissement vient désormais de déclarer par communiqué (relayé par l'AFP) qu'il avait reçu des menaces liées à cette oeuvre.
"Ces derniers jours, le Théâtre Liberté a été la cible de messages de menaces, empreints de haine et de propos diffamants, sur de supposés mauvais traitements infligés à des hamsters pendant le spectacle de Rodrigo Garcia", souligne le théâtre dans un communiqué. "L'association ALARM (Association pour la libération animale) a même cru pouvoir l'assigner en référé et la SPA (Société protectrice des animaux) demande aujourd'hui l'annulation des représentations en se réservant à défaut la possibilité de porter plainte pour mauvais traitements et actes de cruauté ou sévices graves commis envers les animaux", ajoute le texte.
Le Théâtre Liberté "s'étonne de la violence de tels messages, alors même que ce spectacle est représenté depuis neuf ans dans le monde entier, dans les plus grandes institutions publiques, et surtout, alors même qu'il n'y a aucun acte de cruauté commis envers les animaux, comme la justice a eu l'occasion de le rappeler en rejetant hier (jeudi) la requête de l'association ALARM". La direction regrette "le déferlement de messages de diffamation, de menaces et de haine que nous recevons actuellement sur les réseaux sociaux, et tient à rétablir la vérité : il n'y a ni noyade, ni meurtre, ni torture d'animaux dans ce spectacle."
Sur sa page Facebook, l'association ALARM a écrit : "La justice accorde à Rodrigo Garcia de balancer des êtres sensibles dans l'eau... (...) Détresse et souffrance animale acceptées, admises, reçues par la justice comme composants d'une mise en scène ou simples effets de théâtre, c'est encore ainsi que l'ALARM entend le jugement rendu... Les parties adverses (Commune de Toulon et association Théâtre Liberté) – lors de l'audience déroulée le 25 mars – ont bien tenté de faire valoir une vomitive 'atteinte disproportionnée à la liberté fondamentale d'expression' de la part de notre association, mais ce n'est pas cette diatribe bourgeoise et réactionnaire (dans le contexte précis de cette affaire) qui a valu un rejet de notre requête en référé dit 'liberté'... la justice a jugé dans cette affaire que la souffrance animale n'était PAS prouvée !!!" Elle dénonce l'utilisation faite sur scène d'animaux : "Ce spectacle met en scène des hamsters que l'on jette dans un aquarium empli d'eau, qui se débattent en tentant vainement, désespérément, de sortir de leur supplice liquide pour éviter la noyade, qui seront ensuite repêchés dans un filet, pour de nouveau servir de matériel de théâtre pour une prochaine représentation."
Le théâtre codirigé par les frères Berling se dit "d'autant plus choqué par ces attaques qu'il s'investit dans les causes animales et de protection de la planète". "C'est en réalité l'art qui est visé à travers ces propos haineux", ajoute la direction du théâtre, appelant à "la plus grande vigilance".