Camille Muffat était sa meilleure amie, sa grande soeur. Depuis sa mort tragique survenue durant le tournage de l'émission Dropped, Charlotte Bonnet s'est imposée comme la star de la natation tricolore féminine qui débute ce 2 août les championnats du monde en Russie à Kazan. Pour L'Équipe Magazine, elle revient sur sa relation avec Camille Muffat et les conséquences de sa disparition...
La vie, c'est dur, cruel, injuste
Avril 2015 à Limoges. Engagées sur cinq courses, Charlotte Bonnet décroche cinq titres nationaux et se pose comme la nouvelle star de la natation française. Sur son bonnet de bain, un dessin représentant sa "grande soeur" Camille Muffat. Depuis la disparition de son amie, la nageuse qui défend les couleurs de Nice s'est transformée. Et tout ça "grâce" à Camille. Car au moment de prendre sa retraite sportive, la championne olympique l'avait obligée à poursuivre dans les bassins, à se surpasser pour atteindre son plein potentiel. "Maintenant, je me dis que j'ai encore moins le droit de me plaindre, de nager moins vite, explique-t-elle dans les colonnes de L'Équipe Mag. Je ne nage pas que pour elle, mais, après tout ce qu'elle a fait pour moi, elle et ses parents, je me dis que la seule façon de les remercier, c'est de nager vite. C'est pour ça que je me dois d'être forte."
Pour Charlotte, la mort de Camille a agit comme "un déclic", même si elle reconnaît qu'elle aurait "préféré que ce soit quelque chose d'autre". Depuis, la Française va vite. Très vite. "Je me sens moins faible", poursuit-elle, tout avouant craquer quand elle "pense à ça" : "Je me suis rendu compte que la vie, c'était dur, cruel, injuste, alors on n'a pas le droit de se plaindre, de ne pas être content de ce qu'on fait. C'est là où je me sens différente. Plus mature. C'est difficile à expliquer."
La preuve encore lorsque durant les obsèques de Camille, à la demande de la mère de cette dernière, elle a accepté de prendre la parole en public, elle qui avoue trembler de peur à l'idée de parler devant ne serait-ce que cinq personnes... "Mais je ne sais pas comment j'ai fait", dit-elle. Pas plus qu'elle ne saurait expliquer d'où vient cette énergie déployée aux Championnats de France en avril dernier. "Quand je regarde mes courses, comme tout ce que j'ai pu faire juste après son décès, je ne sais pas où j'ai puisé la force et le courage."
Je ne sais pas où j'ai puisé la force et le courage
Lors de son entretien avec L'Équipe Mag, Charlotte Bonnet revient également sur cette nuit tragique où elle a appris la mort de Camille, et les heures qui ont suivi face aux journalistes... "J'ai dû faire face aux journalistes le jour même parce qu'on ma dit que, de tout façon, je serais obligée de finir par y aller. Je me suis pointée à la piscine, ils étaient cinquante, j'ai dû répondre. J'ai dû faire face, mais à contre-coeur. On n'avait pas vraiment de détails, je n'avais pas dormi de la nuit, c'est arrivée à 19h30 en Argentine, je l'ai su très tôt, c'était super dur. En parler, c'était impossible", raconte-t-elle.
Et même si tout le monde à Nice se souvient de la nageuse, Charlotte Bonnet confie sa peur qu'on puisse oublier Camille Muffat. Alors la jeune fille, de six ans la cadette de Camille, a pris les choses en main avec l'aide de Sophie Kamoun, agent et amie de la nageuse décédée et des amis. "J'ai un peu peur qu'on l'oublie, oui. On va créer quelque chose pour ne pas l'oublier, révèle-t-elle. Une asso pour les petits ou pour former les jeunes à la natation, n'importe, mais quelque chose pour ne pas qu'on l'oublie (...) J'ai un peu gueulé, les choses ont bougé."
"On partageait tout, se souvient-elle. On a vécu trop de moments ensemble, moi, je sais que je ne l'oublierai jamais."
Charlotte Bonnet, un entretien à retrouver dans son intégralité dans les pages de L'Équipe Magazine du 1er août 2015