Mercredi 1er août, l'Aquatics Centre de Londres attendait une fois de plus un exploit des deux stars de la natation française. Yannick Agnel et Camille Muffat, impressionnants de régularité depuis le début de la quinzaine olympique, était en lice pour accrocher une nouvelle médaille à leur escarcelle.
La désillusion d'Agnel
Le premier à s'élancer fut Yannick Agnel, pour tenter de succéder à Alain Bernard sur la distance reine du 100m. Le jeune Niçois, auteur d'un chrono exceptionnel avec le relais 4x100 m dimanche dernier, ce qui lui avait valu l'or, pouvait créer la surprise malgré des séries décevantes. Médaillé d'or sur 200 m, sur le relais 4x100 et médaillé d'argent sur le 4x200 m, beaucoup espéraient voir le prodige de 20 ans s'imposer comme la révélation de ces JO. Mais une quatrième place est venue gâcher le beau parcours du nageur, déçu d'échouer à huit centimètres d'un podium... "C'est frustrant, surtout que je pensais vraiment pouvoir faire mieux que ça, déclarait-il à l'issue de sa course. Quatre centièmes [de la 3e place synonyme de médaille, décrochée par Brent Hayden, NDLR], ça n'est pas énorme mais c'est déjà trop." On sentait Yannick Agnel fermé, moins détendu que d'habitude, lui qui certifiait pourtant le contraire. Cependant, tous les observateurs s'accordent aujourd'hui sur un point. Le champion est fait pour gagner cette course, référence absolue en natation, à l'image du 100m en athlétisme. Mais pas question de se reposer. Il reste une course à disputer ce samedi, le 4x100 m 4 nages, "pour s'éclater encore une fois".
La joie de Camille Muffat et ses copines
Heureusement, Yannick Agnel a vite retrouvé le sourire en assistant au relais 4x200 m féminin, emmené par sa partenaire d'entraînement à Nice et nouvelle icône de la natation, Camille Muffat, à qui il voue une véritable admiration : "Camille, c'est ma grande soeur. On a partagé des choses que je ne partagerai probablement jamais plus avec personne. En compétition, dans les stages, tous les jours à l'entraînement..." Alors pour faire remonter le moral de son compère de nage, Camille Muffat a sorti le grand jeu en ouverture de ce relais. Deux cents mètres conclus en tête, et ses copines du relais - Ophélie-Cyrielle Etienne, Charlotte Bonnet et Coralie Balmy - placées sur orbite. Résultat, les filles ont réussi à décrocher une médaille de bronze, loin derrière les intouchables Américaines et Australiennes, mais loin devant les Canadiennes. Une joie visible sur le visage de Camille Muffat, pourtant si discrète, même lorsqu'elle décroche l'or... "Je ne pourrais être plus heureuse. Trois courses, trois médailles, je ne pense pas qu'il y ait d'épreuves qui fasse vraiment tache sur ma semaine", déclarait, réjouie, la jeune femme de 22 ans.
Plus qu'une performance individuelle, c'est l'esprit collectif qu'elle souhaitait mettre en avant dans cette aventure : "Cette médaille-là, je la voulais encore plus pour les autres que pour moi. Moi, je savais que j'avais réussi mes Jeux. La natation n'est pas un sport collectif, c'est un effort solitaire, mais partager des moments comme ça, c'est vraiment super." Une émotion partagée avec sa compagne de chambre âgée de 17 ans, Charlotte Bonnet, mais également une Coralie Balmy que l'on avait laissée en larmes dans les bras de son homme Alain Bernard, ou encore Ophélie-Cyrielle Etienne, journaliste en devenir, les quatre jeunes filles tombant dans les bras les unes des autres.
Pour autant, pas question pour Camille Muffat de faire la fête. "Ce n'est pas encore le moment, confiait-elle. Les autres n'ont pas terminé et puis j'ai surtout envie de profiter de mes proches, de ma famille, que je n'ai pas encore vus, et de m'asseoir dans les gradins." En simple supportrice.