Chaque jour qui passe est une complication supplémentaire pour les artistes. Le confinement lié à la pandémie du coronavirus est nécessaire, mais il empêche beaucoup de Français de travailler. Eve Angeli, des projets plein la tête, a accepté de nous expliquer – à distance ! – comment elle transformait cette crise en art.
Purepeople : Comment vis-tu cette période compliquée ?
Eve Angeli : Je vais bien. Je me suis vraiment faite à l'idée que ça allait durer. Je suis entrée en mode ermite. J'ai la chance d'habiter à la campagne, d'avoir un jardin. Je suis avec mon mari et mon chien. On a compris qu'il ne fallait plus bouger. On vit au ralenti, mais, parfois, ça fait du bien.
Quelle a été ta première réaction à l'annonce du confinement ?
Sur le coup, j'ai eu du mal. J'ai pensé à toutes ces choses que je ne pourrais plus faire. Je me suis sentie comme en période de guerre. Mais je ne fais pas les choses à moitié. Depuis qu'ils ont dit qu'il ne fallait plus sortir, j'ai refusé de voir qui que ce soit. Ni mes amis ni mes parents. J'ai peur de les contaminer. Ils ont plus de 70 ans aujourd'hui, il faut prendre soin des personnes plus âgées.
Est-ce que l'enfermement te pose problème, professionnellement parlant ?
C'est vrai que j'avais un mois de mai très fourni, ce qui est assez rare pour un mois de mai ! J'avais six concerts prévus, dont l'anniversaire de mes 20 ans de scène à l'Olympia le 27 mai 2020. Je sais que tout est reporté. Concernant l'Olympia, j'espère pouvoir sauver la date. Je travaille dessus depuis plus de six mois. Je serais très déçue... mais la santé est plus importante, évidemment. Si la grosse vague est passée, j'essayerai de braver mes peurs. Mais est-ce qu'il ne vaut mieux pas attendre encore un peu, être sûre de ne pas devoir être parano ?
Cette période te permet-elle d'être plus créative ?
Oui, et c'est pour ça que je ne le vis pas trop mal. J'ai la chance de travailler avec l'auteur-compositeur qui a coécrit Hélène avec Roch Voisine, Stéphane Lessard. Il m'a contactée avant la vague de coronavirus en me disant qu'il avait craqué sur ma voix en m'écoutant chanter sur Smule et m'a demandé si on pouvait collaborer. Donc on travaille à distance. Il m'envoie des maquettes par mail, je pose ma voix chez moi. On travaille comme ça. On est à fond dedans. On a trois titres dont l'un, Alors je prie, qu'il a écrit il y a très longtemps, mais qui colle tout à fait à notre actualité. Je vais bientôt le chanter en concert virtuel.
Est-ce que tu as peur des conséquences financières de cet enfermement ?
C'est le statut d'intermittent qui me fait peur, pour moi et pour les autres. On ne sait pas comment l'État va nous aider à ne pas perdre nos avantages, qui sont calculés par rapport aux nombres de dates qu'on assure. Si on ne travaille pas assez, on pourrait être radiés. Je ne cours pas derrière l'argent à tout prix, mais là, on est handicapé. C'est ce qui nous permet de vivre quand on est en période de création. On ne sait pas à quelle sauce on va être mangé. Mais c'est le cas d'énormément de Français.
Vas-tu intégrer le cast de Demain nous appartient à la sortie ?
Je n'ai pas de nouvelles ! Pourtant, j'ai une amie qui connaît directement Ingrid Chauvin. Mais elle jouait de moins en moins dernièrement à cause de ses problèmes de santé. Et il y a eu le coronavirus. Ce n'est pas la période idéale pour faire bouger les choses. Ingrid est censée en parler à la production de la série, j'espère qu'elle le fera !
Propos recueillis par Yohann Turi. Toute reproduction interdite sans la mention de Purepeople.